Après des essais réussis, la Royal Navy mise 358 M€ sur le laser DragonFire de MBDA UK
Le Royaume-Uni vient de franchir un cap dans la défense anti-drones. Le ministère de la Défense britannique a confirmé que le laser de haute énergie DragonFire a abattu des drones rapides lors d’essais au champ de tir des Hébrides. Dans la foulée, Londres a signé un contrat de 316 millions de livres (358 millions d’euros) avec MBDA UK pour installer les premiers systèmes à bord d’un destroyer de type 45 à partir de 2027.
Conçu par un consortium emmené par MBDA avec Leonardo UK et QinetiQ, DragonFire passe du statut de démonstrateur à celui de « capacité minimale déployable ». La dernière campagne d’essais a validé la destruction de drones volant jusqu’à 650 km/h. Le laser, associé à des capteurs de poursuite et à un directeur de faisceau, a maintenu l’énergie sur de petites cibles jusqu’à leur rupture.
Set lasers to stun…
The MOD today pumped £316m into DragonFire after latest trials proved the increasing effectiveness of the air defence laser.
Due to be fitted to Type 45 destroyers, the weapon destroyed drones moving at over 400mph.https://t.co/kvESGZwYmb pic.twitter.com/MtSOn9Puoz
— Royal Navy (@RoyalNavy) November 20, 2025
L’argument clé est économique : le ministère évalue le coût d’un tir à environ 10 livres (11,34€), quand un missile surface-air se chiffre en centaines de milliers. Dans un contexte de salves répétées de drones bon marché et de munitions téléopérées, la possibilité de neutraliser en série des engins à la vitesse de la lumière, avec un « magasin » limité surtout par l’énergie disponible, modifie le calcul coût-efficacité. À bord, DragonFire doit compléter le système de missiles Sea Viper, en offrant une option à bas coût pour la couche basse de la défense.
DragonFire vs SYDERAL : l’Europe entre dans l’ère laser
Le programme s’inscrit dans une enveloppe d’environ 1 milliard de livres (1,134 milliard d’euros) dédiée aux armes à énergie dirigée dans la Strategic Defence Review. Londres revendique la première mise en service européenne d’un laser de forte puissance et entend peser dans les futurs standards OTAN en matière de lasers de combat navals.
Pour autant, le Royaume-Uni n’est pas seul sur ce créneau. En France, la Direction générale de l’armement (DGA) a notifié à l’été 2025 le démonstrateur SYDERAL à un consortium composé de MBDA, Safran, Thales et CILAS, avec une cible de mise en service autour de 2030 pour la lutte anti-drones (LAD) et la défense aérienne de courte portée. Là où SYDERAL prépare une capacité terrestre modulaire de « plusieurs dizaines de kilowatts », DragonFire arrive le premier en mer. La décennie qui s’ouvre verra se jouer, entre Londres et Paris notamment, une compétition feutrée pour imposer architectures et doctrines d’emploi des armes à énergie dirigée en Europe.
Photo © MBDA UK