Pour moderniser sa flotte, le Brésil s’apprête à acquérir douze H145M auprès d’Airbus Helicopters
Le Brésil s’apprête à commander douze H145M à Airbus Helicopters selon Zona Militar. Objectif : mieux ravitailler les troupes, évacuer les blessés plus vite et fournir un appui-feu léger quand il le faut. Les appareils seront assemblés au pays par Helibras, la filiale d’Airbus basée à Itajubá. Un premier lot est visé pour 2028, un second pour 2030, sous réserve de crédits votés dans la durée.
Ce programme s’inscrit dans une modernisation plus large. L’Armée de terre brésilienne (Exército Brasileiro) commence parallèlement à recevoir douze UH-60M Black Hawk américains, destinés à remplacer des UH-60L vieillissants et à préparer la retraite des AS532 Cougar d’ici la fin de la décennie. L’idée est d’opérer une flotte mixte : des Black Hawk pour les charges lourdes et le rayon d’action, des H145M pour la réactivité et la polyvalence au plus près des opérations.
C’est précisément là que le H145M joue sa carte. Version militarisée du H145, l’appareil peut transporter jusqu’à dix soldats équipés, se reconfigurer en quelques heures pour l’évacuation médicale (brancards, soins à bord) ou pour la reconnaissance, et opérer depuis des zones exigües grâce à son rotor de queue caréné, plus silencieux et plus sûr au sol. Son autonomie avoisine trois heures et demie pour un rayon d’action d’environ 650 km, adapté aux missions intérieures et aux reliefs variés du territoire.
Passer du transport à l’appui-feu en un clin d’œil
Sur le plan capacitaire, le système modulaire HForce permet d’installer, selon besoin, des pods mitrailleuses (7,62 mm ou .50), un canon de 20 mm et des roquettes de 70 mm, guidées ou non. Des intégrations de missiles antichars comme le Spike existent déjà sur d’autres marchés, ouvrant la porte à un véritable appui-feu léger. Le cockpit Helionix et l’autopilote quatre axes améliorent la sécurité et la charge de travail des équipages, de jour comme de nuit.
La dimension industrielle n’est pas anecdotique. En confiant l’assemblage à Helibras, Brasília consolide des compétences locales, réduit les délais de maintenance et ancre les retombées économiques sur place. Le timing du programme reste toutefois lié au débat en cours autour de la PEC 55/2023, qui vise à stabiliser le budget de la Défense – avec un cap à 2 % du PIB et des crédits pluriannuels pour les projets stratégiques – afin d’éviter les à-coups qui pénalisent disponibilité et entraînement.
Resteront deux questions à trancher : le rythme réel des livraisons et la place du H145M face aux HM-1 (AS565 Panther) modernisés. Mais la trajectoire est claire : une aviation de l’Armée brésilienne plus modulaire, plus réactive et mieux soutenue par l’industrie nationale. Pour un pays-continent, c’est un levier concret d’efficacité opérationnelle.
Photo © Airbus Helicopters