L’Indonésie veut racheter le porte-avions italien Giuseppe Garibaldi et l’armer de drones Bayraktar
L’Indonésie franchit une nouvelle étape dans sa modernisation navale. Jakarta a validé un plan de financement de 450 millions de dollars destiné à acquérir l’ex-porte-avions italien Giuseppe Garibaldi, retiré du service en 2024, et à l’adapter à ses besoins.
L’objectif est clair : doter la marine indonésienne (Tentara Nasional Indonesia Angkatan Laut) d’une plateforme polyvalente, capable d’embarquer hélicoptères et drones, et d’opérer rapidement dans l’archipel comme en haute mer. Le projet se greffe au programme Minimum Essential Force, qui vise à combler les lacunes capacitaires prioritaires.
Le Garibaldi version porte-drones se précise
Bâtiment emblématique de la Marina Militare, le Garibaldi (180 m, 14 150 t à pleine charge) fut le premier navire italien à pont d’envol intégral, modernisé à plusieurs reprises et engagé sur divers théâtres (Kosovo, Libye). Son retrait a suivi l’arrivée du LHD Trieste. Selon Fincantieri, le navire présenterait encore 15 à 20 ans de potentiel, sous réserve d’un refit conséquent.
À Jakarta, l’édition 2025 d’Indodefence a donné le ton : une maquette locale imaginait un pont reconfiguré avec deux îlots et l’intégration de drones Bayraktar TB3. L’Indonésie a déjà enclenché la pompe industrielle avec des accords autour de 60 TB3 « navalisés » et neuf Akinci, produits localement. Les essais de décollage du TB3 depuis le porte-aéronefs turc Anadolu plaident pour une compatibilité avec le ski-jump du Garibaldi. En juillet, Fincantieri est venu présenter à Jakarta plusieurs volets de transformation ; ni le calendrier ni la facture détaillée n’ont filtré.
Le nerf de la guerre : entretien et MCO
Si l’affaire aboutit, la marine disposerait d’un hub aéronaval mobile pour la lutte anti-sous-marine, la surveillance maritime, les opérations de secours et, plus largement, la présence en zone grise. À plus long terme, Jakarta vise une flotte d’au moins quatre bâtiments de type porte-hélicoptères. PT PAL pousse des solutions neuves, en partenariat possible avec Fincantieri ou Hyundai. Racheter un navire d’occasion permettrait toutefois de gagner du temps, de roder les équipes et d’intégrer les drones embarqués avant d’industrialiser un design domestique.
Reste la question des moyens. L’exemple thaïlandais du Chakri Naruebet rappelle qu’un porte-aéronefs n’est crédible que si les budgets d’entretien, l’aviation embarquée et la chaîne logistique suivent. Entre refonte, formation et soutien, l’addition peut vite grimper. Le feu vert de BAPPENAS fixe un cadre et lance les discussions ; il ne vaut pas contrat. Les prochains mois diront si l’Indonésie parvient à concilier ambition, calendrier et soutenabilité pour offrir au Garibaldi une seconde vie en Asie du Sud-Est.