L’Estonie souhaite acquérir de nouveaux canons CAESAr 6×6
Le ministère de la Défense estonien va-t-il activer l’option portant sur six CAESAr supplémentaires dans le cadre de son plan de développement 2026-2029, dévoilé par le ministre Hanno Pevkur. Inscrite dans une dynamique de modernisation globale, cette décision répondrait à la double exigence d’accroître la portée de frappe préventive et de renforcer la posture de dissuasion avancée de l’OTAN dans la région baltique. Sur un budget quadriennal dépassant 10 milliards d’euros, dont 2,4 milliards dès 2026, près de 37 % des crédits seront consacrés aux acquisitions d’équipement : un effort massif pour garantir que l’Estonie dispose de moyens adaptés aux défis actuels et à venir.
Tallinn valide ses premiers CAESAr
Six CAESAr 6×6 Mk 1 ont déjà été livrés en janvier dernier par KNDS France, grâce à l’initiative européenne EDIRPA (European Defence Industry Reinforcement through common Procurement Act). Moins de sept mois après la signature du contrat, une première batterie, essentiellement composée de réservistes, a validé son état de préparation opérationnelle lors d’exercices de tir intensifs. Le sous-lieutenant Ranno Rajaste a souligné que « la précision et la rapidité de déploiement surpassent largement celles de l’ancien D-30 tracté », attestant de la supériorité tactique des canons français.
Par ailleurs, le ministre de la Défense estonien a insisté lors de la présentation du budget 2026 : « Nous allons bientôt recevoir de nouveaux systèmes d’artillerie : des K9 et des CAESAr supplémentaires. » En conséquence, l’Estonie améliore non seulement sa réactivité, mais aussi la flexibilité de ses manœuvres, un atout majeur face à une menace russe qui se veut toujours plus imprévisible.

Parallèlement, le plan 2026-2029 alloue 25 % du budget aux stocks de munitions, garantissant l’autonomie de feu nécessaire pour soutenir des opérations de haute intensité. Au-delà des CAESAr, Tallinn enrichit son arsenal : 36 K9 Thunder ont été acquis en 2018, la flotte de systèmes M142 HIMARS doit bientôt doubler, et des munitions air-sol de précision à plus de 40 km de portée (loitering munitions) sont déjà en dotation. Outre cette diversification, le ministère mène une étude sur des missiles de croisière produits localement, dont la portée pourrait aisément dépasser les 300 km, confirmant ainsi la volonté d’engager l’adversaire avant qu’il n’approche des frontières estoniennes.
Montée en puissance des effectifs
La réussite opérationnelle repose également sur la logistique et la formation. Un seul ravitaillement permet aux CAESAr de parcourir 600 km, assurant une mobilité et une réactivité sans équivalent dans la région. L’interopérabilité OTAN des munitions standard simplifie les chaînes d’approvisionnement et renforce la coopération avec les alliés.
Côté ressources humaines, l’Académie militaire verra ses effectifs passer de 90 à 150 cadets, tandis que les conscrits pourront intégrer directement une formation d’officier à l’issue de leur service de base. Cette stratégie vise à bâtir une réserve professionnelle capable de soutenir une force active portée à 4 400 militaires d’ici 2030.
Enfin, si les six premiers CAESAr doivent être complétés par leurs homologues du contrat initial avant la fin de l’été, toute commande supplémentaire attendra la validation définitive du budget 2026 et la levée formelle de l’option parlementaire. En misant sur l’acquisition de CAESAr additionnels, l’Estonie conjugue pragmatisme opérationnel et haut niveau technologique. Ces investissements, menés en étroite coordination avec l’OTAN, confortent une posture de dissuasion avancée, indispensable pour faire face à toute éventualité et garantir la sécurité du territoire national.
Photo © Rasmus Allik