Delair muscle sa gamme avec le lancement du drone DT61 à décollage vertical
L’industriel toulousain Delair dévoile, à l’occasion du salon du Bourget, son dernier modèle de drone tactique longue portée : le DT61, un aéronef à voilure fixe et décollage vertical conçu pour des missions d’inspection et de surveillance étendues, en environnement terrestre ou maritime, aussi bien civil que militaire. Ce lancement confirme les ambitions industrielles d’une PME en pleine ascension, dont le chiffre d’affaires a triplé en deux ans, porté par la commande de drones militaires, une stratégie de diversification technologique et une gamme de produits en forte croissance.
Un drone VTOL multi-missions au spectre élargi
Avec plus de 7 heures d’autonomie, une portée radio supérieure à 100 km, et une charge utile de 15 kg pour un poids total de 100 kg, le DT61 affiche des performances notables dans sa catégorie. Il peut être déployé en moins de 30 minutes par deux opérateurs depuis un simple pick-up, combinant ainsi agilité opérationnelle et faible empreinte logistique. Son architecture modulaire permet l’intégration simultanée de plusieurs capteurs : optronique (MWIR refroidi), radar SAR GMTI, capteurs de renseignement électromagnétique… De quoi répondre à une large variété de missions ISR (Intelligence, Surveillance, Reconnaissance).

Développé avec le soutien de deux partenaires français – Aviation Design pour la conception aérodynamique et Shield Robotics (filiale du groupe Evotec) pour les essais en vol – le drone capitalise sur 15 années de savoir-faire accumulées par Delair. Il bénéficie également de briques technologiques issues des modèles précédents, permettant une fiabilité renforcée et un cycle de production raccourci.
Le DT61 entre ainsi en phase finale de qualification et devrait être déployé sur ses premières missions opérationnelles au second semestre 2025, avant une commercialisation d’ici la fin de l’année.
Une PME ambitieuse, déjà bien ancrée dans la BITD
Fondée à Toulouse il y a 14 ans, Delair emploie aujourd’hui plus de 200 collaborateurs répartis sur quatre sites (Toulouse, Marseille, Grenoble et Paris) et revendique entre 2 000 et 3 000 drones en opération dans le monde. Historiquement centrée sur les drones à voilure fixe, l’entreprise a progressivement élargi son portefeuille avec une gamme complète : 4 drones à voilure fixe, 3 multirotors, 3 munitions téléopérées, tous pilotés par une station de contrôle universelle, DRAKO.
Le succès de Delair repose notamment sur sa capacité à répondre aux attentes des armées. En 2023 puis 2024, l’entreprise a été sélectionnée par la Direction générale de l’Armement (DGA) dans le cadre des programmes Colibri et Larinae, livrant des drones d’observation et des munitions téléopérées à l’armée française et à l’Ukraine. En mars 2024, elle a ainsi reçu commande de 100 drones destinés au front ukrainien, renforçant son ancrage dans la base industrielle et technologique de défense (BITD).
Un cap clair : 100 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2027
Loin de se reposer sur ses succès militaires, Delair investit aussi dans l’innovation civile. À travers le projet InDRa, financé par la Région Occitanie et Bpifrance, l’entreprise développe aux côtés d’Adagos et de l’Institut de Mathématiques de Toulouse des algorithmes d’optimisation énergétique pour accroître de 20 % l’autonomie des drones électriques. Le drone DT46, équipé d’un lidar développé avec Yellowscan, permet quant à lui la cartographie de zones forestières ou difficiles d’accès grâce à un jumeau numérique très haute précision.
Delair consolide ainsi sa place d’acteur européen majeur de la robotique aérienne. Forte d’un chiffre d’affaires passé de 10 à 30 millions d’euros en un an, l’entreprise vise les 60 millions d’euros en 2025, et lorgne désormais les 100 millions à horizon 2027. Dans un marché des drones civils et militaires en pleine structuration, la PME toulousaine s’impose désormais comme une alternative crédible aux géants américains et asiatiques.
Photos © Delair