L’Argentine veut remettre à niveau son artillerie après des années de sous-investissement. Le plan 2026–2028 présenté au Congrès argentin (Congreso de la Nación Argentina) prévoit l’acquisition de 72 systèmes automoteurs. L’objectif est simple : retrouver une profondeur de feu moderne, mobile et soutenable, en phase avec les besoins d’une armée de Terre (Ejército Argentino) qui reçoit aussi des Stryker 8×8 et des F-16.
En 2024, une évaluation avait donné l’avantage à l’ATMOS d’Elbit Systems dans un périmètre initial de 36 pièces à roues, avec tests du système GRIFO. Depuis, rien n’indique qu’une décision définitive ait été notifiée. Le paysage peut évoluer : conditions financières, offres industrielles, possibilités d’assemblage local ou de maintien en condition en Argentine. Dans ce contexte, le CAESAr de KNDS pourrait revenir en considération, d’autant qu’il dispose d’un retour d’expérience solide en Ukraine. En parallèle, l’option chenillée M109 modernisée au standard KAWEST reste étudiée pour répondre à d’autres besoins (protection, endurance).
La méthode privilégiée par l’état-major reste pragmatique : démarrer par une première batterie « pilote », former les personnels, stabiliser la doctrine, puis élargir. Cette approche dite de « noyaux de modernité » est déjà à l’œuvre avec les Stryker. Elle réduit le risque d’un achat trop massif, trop vite, et permet d’aligner choix matériel, entraînement et soutien.
Les critères qui compteront au final sont clairs : munitions 155 mm standard OTAN, mise en batterie rapide, intégration commandement et contrôle (C2), disponibilité des pièces, simulateurs, et un plan de maintien en condition opérationnelle (MCO) ancré localement. Le financement (éventuels accords de gouvernement à gouvernement) et l’implication de l’industrie nationale pèseront tout autant que la fiche technique. Si ces conditions sont réunies, l’Armée de terre pourra réellement aligner 72 tubes utiles et durables.
Photo M109 KAWEST © VBS/DDPS