L’Allemagne passe à la vitesse supérieure contre les drones. Le 5 novembre, la commission du Budget du Bundestag a validé le développement et l’acquisition d’un nouveau missile « anti-drones » pour équiper la tourelle Skyranger 30 de Rheinmetall. MBDA Deustchland le commercialise sous le nom DefendAir. Objectif : ajouter une couche d’interception à distance à un système jusqu’ici centré sur le canon (calibre 30×173 mm) et ses munitions programmables AHEAD (Advanced Hit Efficiency And Destruction). Le message est clair : tirer les leçons venues d’Ukraine et renforcer l’échelon de courte portée.
Concrètement, DefendAir doit étendre la bulle de tir du Skyranger d’environ 2-3 km (portée canon) à 5–6 km, avec un autodirecteur et une charge adaptés aux petits drones, y compris les FPV rapides. La tourelle intègre déjà l’interface lanceur et pourra embarquer 9 à 12 missiles prêts au tir. Le 10 novembre, MBDA et l’office d’armement (BAAINBw) ont signé le contrat couvrant le développement et une première production en série en Allemagne. L’enveloppe financière tourne autour de 500 millions d’euros, avec une montée en cadence prévue d’ici la fin de la décennie, en phase avec l’arrivée des premiers Skyranger.
Au-delà de l’objet technique, l’enjeu est doctrinal et industriel. Doctrinal, parce que le duo canon-missile permet d’attriter plus tôt les essaims et de préserver les munitions AHEAD pour l’ultime barrière. Industriel, parce que Berlin finance une capacité compacte, mobile et reproductible, inscrite dans l’initiative European Sky Shield. L’Autriche, le Danemark ou la Hongrie ont déjà choisi le Skyranger 30 : un Skyranger équipé de DefendAir ouvre des marges d’interopérabilité et d’export. En bref, l’Allemagne investit dans un système calibré pour la menace d’aujourd’hui, plutôt que d’attendre une solution premium de demain.
Image © MBDA Deustchland