La DSRB, la banque dédiée à l’industrie de défense, reçoit le soutien des poids lourds JP Morgan, ING et Commerzbank
L’Union bancaire européenne se dote d’un nouvel instrument : la Defence, Security and Resilience Bank (DSRB). Pensée pour soutenir la montée en puissance des programmes de défense et de sécurité, cette institution inédite reçoit déjà l’appui de grands établissements financiers internationaux.
JP Morgan, ING et Commerzbank unissent leurs forces
Pour les PME de la défense, obtenir des prêts suffisants afin de développer des équipements stratégiques relève souvent du parcours du combattant. C’est pour combler ce « déficit » que la DSRB proposera des garanties aux banques commerciales. En pratique, si un fournisseur doit financer la production de pièces critiques ou la modernisation de systèmes, il pourra s’appuyer sur ces sûretés1 pour décrocher un crédit à long terme à des conditions plus favorables.
Parallèlement, l’établissement émettra des obligations bénéficiant d’une notation AAA2. Grâce à ce niveau de qualité de crédit, les États membres auront accès à un nouveau canal de financement. Plutôt que de recourir uniquement à leurs emprunts souverains, ils pourront lever des fonds en plaçant ces titres auprès d’investisseurs du monde entier, et ainsi réduire le coût global de leurs programmes d’armement.
Plusieurs poids lourds de la finance ont déjà signé. JP Morgan Chase, Commerzbank et ING Group se sont engagés aux côtés de RBC Capital Markets et de la Landesbank Baden-Württemberg. Ces banques mettront leurs compétences en structuration financière, relations investisseurs et gestion des notations au service de la DSRB, sans percevoir de frais. Parmi les figures clés du projet, on retrouve Stuart Peach, ancien président du Comité militaire de l’OTAN, et John Cummins, ex-PDG d’Aviva Capital Partners.
Un modèle « Banque mondiale » dédié à la défense
Rob Murray, qui a dirigé l’innovation à l’OTAN et pilote aujourd’hui le groupe de développement de la banque, souligne l’urgence : « Nous devons accélérer l’arrivée des équipements dans les stocks nationaux pour renforcer notre capacité de dissuasion, tant face à la Russie qu’à la Chine dans la région Indo-Pacifique. »
Lors du sommet de Vilnius en juillet, les pays membres de l’OTAN ont convenu de porter leurs dépenses militaires à 5 % du PIB d’ici à 2035. Cet effort représenterait près de 1900 milliards de dollars supplémentaires à mobiliser sur la période. La DSRB vise à répondre à ce besoin en offrant un outil complémentaire, capable de financer des programmes ambitieux comme le programme Global Combat Air Programme (GCAP).
La feuille de route prévoit la publication, à la rentrée, d’un projet de charte et d’une gouvernance claire. Dès septembre, des groupes de travail rassembleront les banques partenaires pour finaliser la structure du capital, la stratégie de notation et les méthodes de mobilisation des investisseurs. L’objectif est de rendre la DSRB opérationnelle courant 2026, avec un capital initial estimé entre 65 et 70 milliards de dollars.
En conclusion, la DSRB se présente comme un levier novateur destiné à répondre à l’urgence des besoins de financement de la défense européenne. « Nous ne pouvons pas relever les défis sécuritaires d’aujourd’hui avec les outils financiers d’hier », a souligné Mark Pieter de Boer, directeur commercial d’ING, dans un communiqué. En fédérant expertise publique et savoir-faire privé, et en combinant garanties bancaires et émissions obligataires AAA, la DSRB entend offrir un canal fiable et rapide pour soutenir programmes d’armement et modernisation des infrastructures, tout en allégeant la pression sur les budgets publiques.