Après Preligens et Shark Robotics, rencontre avec une autre pépite de l'industrie de défense française : Cerbair. Fondée en 2015, la PME qui a quadruplé son chiffre d'affaires entre 2021 et 2022, conçoit et produit des systèmes de lutte contre les drones utilisés à des fins malveillantes. Son co-fondateur, Lucas Le Bell, revient sur sa vision de la lutte anti-drones, sur la difficulté de levée des fonds pour un industriel français de la défense et sur l'impact psychologique du drone sur le champ de bataille ukrainien.
En 2015, vous lancez CERBAIR aux côtés d’Olivier Le Blainvaux. Quel a été le déclic ?
Le rejet de l’industrie bancaire dans laquelle je travaillais a été moteur. Je n’étais pas épanoui ! Depuis mon plus jeune âge, j’ai toujours voulu rejoindre l’armée ou travailler à son service.
En 2015, parallèlement à ma rencontre avec Olivier Le Blainvaux, sont intervenus les premiers survols de drones au-dessus de sites sensibles. Pour nous, c’était clair : le drone civil allait devenir le missile du pauvre. Nos échanges ont débouché sur la création de Cerbair, un projet noble – détruire des machines et sauver des vies - qui a vocation à transformer la sécurité et la défense de demain.
Que vous apporte votre expérience de la finance dans la gestion d’une entreprise de la défense ?
La macro-économie, les relations internationales, les actifs, les commodités, les valeurs, etc., sont des choses sur lesquelles je travaillais en finance de marchés et que je retrouve dans l’industrie de défense. Je continue de travailler au cœur d’un village mondialisé où il y a de nombreuses interconnexions.
L’industrie bancaire, avec ses chiffres et ses analyses, est assez nébuleuse pour la plupart des gens. J’en ai retenu l’esprit d’analyse, qui m’aide dans mon quotidien. Pour réussir dans la création d’une entreprise, il faut savoir agréger pas mal de choses et cela ne peut pas venir d’une même personne.
Il faut bien sûr une vision, une bonne exécution opérationnelle et être capable d’injecter "du carburant" dans la machine. Ce carburant, c’est l’argent ! Dans l’industrie de défense, il est difficile de lever des fonds. Avoir été "de l’autre côté de la table", savoir ce que recherchent les financiers, permet de mieux dimensionner son discours pour donner les moyens financiers à son entreprise.
Avez-vous rencontré des difficultés pour vos différentes levées des fonds ?
Nous avons effectué trois opérations, pour un total de 10 millions d’euros - la dernière ayant été la plus importante (5,5M€, début 2020). Dans la deftech française c’est beaucoup, mais à l’international, ce n’est rien.
En France, récupérer des financements est compliqué : l’industrie de défense ne fait pas partie de notre culture. Ici, la guerre c’est forcément sale, et les financiers craignent de se retrouver dans des histoires d’argent sale, de trafic d’armes ou de rétro-commissions. Par ailleurs, les cycles de vente sont extrêmement longs. Chez Cerbair, par exemple, il faut en moyenne deux ans entre une première prise de contact et une première vente. Celle-ci passant souvent par la case POC (proof of concept) avant d’aboutir à une vraie phase de déploiement. Typiquement, ce processus est rarement compatible avec un financier qui veut un retour sur investissement (ROI) avec un facteur fois X en l’espace de trois, quatre ou cinq ans.
Historiquement, en France, les fonds d’investissements vont vers des marchés de grande consommation, à faible risque et donc beaucoup plus scalable. Ils préfèrent le marché du software parce que les coûts sont moins importants et qu’il n’y a pas d’outils industriels à mettre en place. C’est frustrant.
À l'inverse, un pays comme les États-Unis n’a pas la même culture. La défense et la sécurité sont revendiquées : des marqueurs de leur Nation, de leur identité. Pour les Américains, être patriote est une grande fierté. Et la culture du risque est bien plus présente aux États-Unis, favorisant ainsi l’écosystème de défense américaine.
Les investisseurs américains ne sont pas fous. Ils sont prêts à tout perdre, mais quand ils s’engagent, ils le font pour gagner, pour être les numéros un. L’un des meilleurs exemples, qui fait rêver cette industrie de défense, est l’entreprise Anduril. Elle a un rythme de croissance absolument incommensurable pour des standards français.
Être duale dans l’industrie de défense, est-ce une chance ?
La dualité au sein de la lutte anti-drones (LAD) est un doux rêve. Notre marché est très majoritairement institutionnel (80-90%), avec des clients comme l’armée, la police ou les services pénitentiaires. Les sites industriels sont assez rares, pour une raison purement réglementaire. Nous ne pouvons pas vendre et nos utilisateurs (sites Seveso, OIV) ne peuvent pas déployer la plupart des technologies de LAD, en particulier les technologies dites de neutralisation (brouillage, contre-mesures électroniques).
On peut se demander pourquoi le verrou ne saute pas. Les autorités craignent de perdre le contrôle sur cette technologie qui, entre de mauvaises mains, pourrait créer beaucoup de désordre. Le problème, c’est qu’il y a des vulnérabilités sur de nombreux sites critiques. Je ne le souhaite pas, mais je crains qu’il faille une catastrophe pour que l’État, sous la pression, assouplisse la réglementation.
Regardons de nouveau du côté des États-Unis avec la proposition très pragmatique de l’administration Biden. À terme, les sites privés pourront acheter ces technologies dites réglementées, mais leurs opérations seront centralisées. En France, nous pourrions envisager cela avec la Préfecture de police de Paris, qui effectuerait un déclenchement à distance s’il y a intrusion.
Huit ans après sa création, est-ce que CERBAIR est financièrement stable et rentable ? Est-ce que vous prévoyez une nouvelle levée de fonds ?
2022 a été une année absolument exceptionnelle. Grâce à cette année record et aux nombreux contrats cadres remportés en France et à l’international, l’entreprise devient enfin rentable avec de belles perspectives, à la fois de croissance et de maintien de cette rentabilité. Nous avons presque quadruplé le chiffre d'affaires entre 2021 et 2022.
Nous envisageons peut-être de faire une nouvelle levée de fonds à l’horizon 2024, pour venir chercher une pente de croissance dans un marché de la LAD encore en maturation. Il y a environ 250 entreprises positionnées sur la lutte anti-drones. C’est la foire d’empoigne et ça se transforme souvent en une lutte marketing avec des revendications un peu démentielles. Parmi ses 250 entreprises, un peloton de tête d’une vingtaine d’entreprises - dont Cerbair fait partie - se détache. Elles ont réussi à remporter des contrats, à avoir des succès opérationnels, à démontrer la viabilité de leur modèle économique en devenant financièrement stable. Les autres entreprises sont dans un "ventre mou" : elles sont en train de péricliter, ou sont sur le point d’être rachetées par l’une des vingt entreprises qui tiennent le marché.
Pour nous, il y a un danger intrinsèque à croître "à la papa", sans prendre ça en considération. Même si je ne pense pas qu’à la fin il y aura un winner-takes-all, une entreprise empochant tous les contrats à l’international, il faut que nous puissions jouer à armes égales, que nous dopions notre arsenal financier. Nous envisageons donc une opération de croissance pour un projet ambitieux qui dépasse même la lutte anti-drones et pour lequel, idéalement, nous chercherions un partenaire industriel français qui partage notre vision souveraine de la LAD : une technologie française protégeant les intérêts français. Mais s’il en va de la croissance et de la réussite de la société, nous ne nous interdirons pas de regarder à l’international.
Comment passer de PME à ETI ?
Il y a deux leviers, un peu tabou, qui n’ont pas forcément reçu l’attention qu’ils mériteraient. Culturellement, nous sortons de plusieurs décennies de libéralisme, néo-libéralisme ou ultralibéralisme. Bien sûr, il faut éviter les situations monopolistiques qui mènent inévitablement à des abus, mais la compétition est nécessaire.
En réalité, le rythme de l'innovation réduit car il n'y a pas de prise de risque. Il faut éviter cela. La seule façon de créer des champions comme EDF, Airbus ou Thales, c’est de miser sur les PME. Il faut diriger l’économie, choisir ses champions, en nombre réduit, et mettre le paquet dessus. Cela doit passer par des investissements financiers, mais aussi - et c’est le second levier - par des prises de commandes. Il y a un effet kiss cool dans la commande que nous ne retrouvons pas dans le financier. Ce dernier injecte de l’argent en espérant qu’il rapporte. La commande, elle, va au-delà : elle apporte un retour opérationnel, des références clients et, surtout, servira de tremplin à d’autres.
Quand nous sommes à l’export, le prospect regarde la santé financière de l’entreprise, nos équipes, nos moyens mais surtout si nous avons équipé notre armée, le nombre de systèmes vendus, s’ils sont combat proven et ont empêché des attaques, etc. Le montant d’une levée de fonds ne définit pas une entreprise. Sur ce chemin de la crédibilité, une seule chose compte : la commande.
Quelle est la part à l’export dans votre chiffre d’affaires ? Quelles sont vos perspectives à l’international ?
Il y a eu un recentrage important sur le marché français avec la période Covid-19. En 2022, nous avons fait entre 60 et 70% de notre CA en France. Avant la Covid, c’était plutôt l’inverse, avec près de 75 à 80% à l’export. Quand toutes les frontières se sont fermées, nous nous sommes pleinement mobilisés pour le marché français. Nous avons réussi à intégrer les grands marchés français de la LAD : le ministère de l’Intérieur, le ministère des Armées et le pénitentiaire. Toutefois, si nous voulons chercher de gros multiples de croissance et jouer des coudes avec les Américains, il faut que nous quittions la France pour trouver des relais de croissance commerciale sur des marchés plus étendus que le marché national. Je pense à l’Inde, à l’Indonésie ou encore aux États-Unis : des États avec une capacité budgétaire plus conséquente.
Quel est votre sentiment sur l’économie de guerre ?
Je pense que l’État et le ministère des Armées sont sincères dans leurs intentions. Pour autant, une formulation ne suffit pas. Aujourd’hui, ce discours sur l’économie de guerre est dans une impasse.
Tous les industriels de la BITD se disent prêts à prendre des risques mais ils veulent des gages, des garanties, pour ne pas s’en mordre les doigts avec un stock considérable, des pertes financières importantes et des licenciements inéluctables.
Quelle est votre vision avec CERBAIR ?
Chez Cerbair, nous cherchons à démocratiser la maîtrise du spectre radio-fréquence pour dominer l'adversaire. La guerre électronique a été délaissée pendant plusieurs décennies. Depuis la fin de la guerre froide, nous avons été amenés à combattre principalement dans les milieux désertiques, face à des insurgés qui n’avaient pas ou peu de moyens technologiques (battle management system, communications, satellites). Aujourd’hui, avec ce qui s’est passé au Haut-Karabagh et depuis février 2022 en Ukraine, nous assistons à la résurgence de conflits de moyenne et haute intensité.
Aujourd’hui, notre adversaire, c’est la Russie. Demain, ce sera peut-être la Chine. Et quel est le point commun entre ces armées ? L’utilisation de technologies modernes qui transmettent, capturent, interceptent et interfèrent de l’information : le spectre radio-fréquence. Il a toujours été présent, mais avant, l’ennemi n’en avait pas une utilité profonde et dense. Depuis, les progrès en matière de hardware, la miniaturisation des composants électroniques ou encore la baisse des coûts de production, ont permis de très belles évolutions technologiques.
Avec le projet TITAN de l’armée de Terre, nous sommes au cœur de cette mutation du champ de bataille. Ce besoin de maîtriser les communications pour avoir la capacité de détecter, d’identifier et de localiser l’adversaire, de déterminer là où il est fort pour l’éviter, de savoir là où il est faible pour le frapper, d’interférer avec ses communications pour le désorganiser et protéger les nôtres, sera absolument décisif. Chez Cerbair, nous avons la conviction que la LAD est un sous-ensemble de cet appui électronique et de cette domination du spectre.
En France, les opérateurs d'importance vitale (OIV) semblent en retard sur la lutte anti-drones. Pourquoi ?
Les OIV français ont très bien compris le risque lié aux potentielles attaques de drones. Par exemple, les grandes entreprises du secteur de l’énergie ont réalisé des audits de sécurité, se sont intéressées à l’état de l’art de la technologie, ont effectué des démonstrations, ont préparé les appels d’offres et débloqué les budgets… Mais malheureusement, ils se heurtent à la réglementation.
À ma connaissance, aucune entreprise n’a pu obtenir une dérogation pour installer des contre-mesures électroniques. Il est impératif de faire évoluer cette réglementation afin d’assurer un maillage de protection suffisamment large pour protéger les intérêts français sur le territoire national.
Comment formez-vous vos collaborateurs à l'utilisation de vos solutions, ainsi qu'à la compréhension des nouvelles menaces ?
Notre processus d’apprentissage commence par la compréhension d’un drone, de ses usages, de la menace et de son évolution, etc. Nous avons une petite cellule au sein de Cerbair qui travaille sur ces sujets et parfois nous faisons appel à des consultants externes très pointus en la matière.
Nous avons également des collaborateurs qui font une veille sectorielle et technologique, parcourent les blogs spécialisés, cherchent de l’information auprès de hackers et de pilotes de drones – qui respectent ou non la loi – afin d’identifier les nouvelles menaces et comment les hackers pourraient contourner nos systèmes. Ce travail de veille est extrêmement important pour prendre l’information et agir dessus le plus tôt possible.
Quelles sont les tendances émergentes dans le domaine de la lutte anti-drones auxquelles CERBAIR est attentif ? Comment vous préparez-vous à relever les défis futurs ?
Il y a un débat très animé sur l’évolution du drone, une tendance très naturelle et humaine que de forcer le trait, d’aller sur le terrain de la science-fiction. Certains imaginent un futur dans lequel des milliers de drones, totalement autonomes, seront organisés en essaims. C’est le mythe de la Machine prenant le pas sur l’Homme, s’affranchissant de tout contrôle et capable de vie et de mort sur nos concitoyens. Il y a du vrai et du moins vrai dans ces scénarios. Je pense qu’effectivement, les essaims sont l’avenir des attaques de drones, avec leur capacité à saturer et prendre le contrôle du champ de bataille.
Mais il faut distinguer l’autonomisation de l’automatisation. Car de notre point de vue - relativement peu partagé au sein de l’industrie - il y a une différence fondamentale entre ce que peut faire la technologie et ce que requiert l’opérationnel. Avoir une machine autonome, capable de suivre des points GPS, ne date pas d’hier. Dans les années 60-70, les Soviétiques ont expérimenté des drones de reconnaissance en profondeur qui avaient déjà la capacité d’exécuter plusieurs tâches. Mais ils ont rapidement cessé d’être utilisés. Une des raisons majeures, et c’est notre grille de lecture, c’est que l’opérateur a besoin de temps réel. La guerre en Ukraine l’illustre très bien. Selon certains experts, l’artillerie a causé près de 70% des pertes de ce conflit : le résultat d’un tandem artillerie-drone radiocommandé redoutable.
Les drones sont les yeux de l’armée ukrainienne. Cette technologie permet de déployer des yeux dans le ciel ukrainien pour observer et corriger un tir d’artillerie en temps réel et avec une finesse inégalée. Quand un pilote de l’Aerorozvidka utilise un drone bricolé, sur lequel est intégré une tête de RPG, pour frapper les chenilles ou le bloc-moteur d'un char, il le fait en vue subjective (First Person View) et en temps réel. C’est une opération de précision, les Ukrainiens et les Russes ayant un arsenal militaire similaire. Là où l’intelligence artificielle risquerait de provoquer des tirs fratricides, il est nécessaire d’avoir du jugement et surtout, il faut une responsabilité humaine dans cette prise de décision.
Quels sont les autres enseignements sur cette utilisation des drones en Ukraine ?
L’un des autres enseignements de cette guerre est le rapport aux drones qu’ont les troupes au sol, qu’elles soient ukrainiennes ou russes. Il suffit de regarder les petites vidéos qui fuitent sur les réseaux sociaux : les troupes sont complétement dépendantes du drone. C’est leur assurance vie. Lorsqu’elles progressent, elles déploient leurs drones pour une petite reconnaissance, afin de s’assurer de ne pas tomber dans une embuscade. Des deux côtés de la ligne de front, il y a un vrai attachement de l’homme au matériel.
Ensuite, ce que nous pouvons voir, c’est l’impact psychologique du drone sur l’ennemi. Le drone devient une vraie arme de terreur. Sur certaines vidéos, dès que les Russes entendent le bourdonnement des pales d’un drone sans le localiser, ils se mettent en mouvement et courent dans n’importe quelle direction. Mais le drone ne les lâche jamais, il se balade en trois dimensions avec une aisance considérable, des capteurs toujours plus sophistiqués pour les observer, y compris de nuit. Les Russes n’ont jamais de répit. Ils ont du mal à dormir, leur niveau de stress est beaucoup plus important, donc ils performent moins bien au combat et ont du mal à tenir leurs positions. Cette épée de Damoclès volante est invivable. Et lorsque l’on ajoute le rôle de l’artillerie, c’est dévastateur. Il y a beaucoup d’enseignements à tirer de l’utilisation des drones en Ukraine. C’est l’avenir du champ de bataille.
Quels sont les objectifs de CERBAIR à l'horizon 2025 ?
Nous renouons avec l’hyper-croissance. Notre équipe d’une trentaine de personnes, qui était passée en mode défensif pendant la Covid-19, appuie sur l’accélérateur, avec pour objectif de passer à 70 collaborateurs d’ici 2025. Nous avons pour ambition de pénétrer de nombreux marchés stratégiques à l’export, comme le Moyen-Orient et l’Asie, qui sont nos principales priorités.
Côté recherche et développement, nous allons continuer d’innover avec nos partenaires industriels, que ce soit dans notre cœur d’activité ou dans des technologies de brouillage. Nous allons chercher de plus en plus à intégrer ces technologies de détection à des technologies de brouillage. Ce couple détection/brouillage, quand il est bien exécuté, a un potentiel considérable - et pas uniquement sur le segment LAD.
Et pour terminer, nous poursuivons l’intégration de nos technologies (Hydra) sur vecteur. Cerbair travaille étroitement avec Arquus sur le tourelleau Hornet Air Guard, avec Nexter sur véhicule blindé de combat d’infanterie (VBCI), sur les navires de surface avec Naval Group, mais aussi sur les ballons captifs de A-NSE et sur hélicoptère aux côtés de la DGA Essais en vol (DGA EV).
Avez-vous un livre, qui vous accompagne en tant qu'entrepreneur, à conseiller à nos lecteurs ?
Dernièrement, j’ai écouté en audiobook Le Choc des civilisations (1997) de Samuel Huntington. C’est un livre visionnaire et d’une grande justesse, à l’aune des événements actuels. Cette vision d’un monde multipolaire et multi-civilisationnel - avec une partie du monde qui cherche à s’affirmer face aux concepts d’occidentalisation et de progrès, sur fond de montée en puissance de la Chine et de préparation du Choc des Titans - est passionnante. Ce livre me donne une autre manière de décoder le monde.