Thales UK livrera des missiles LMM Martlet à l’Inde pour 402 millions d’euros
Londres et New Delhi accélèrent leur rapprochement de défense avec un contrat de 350 millions de livres (402 millions d’euros) pour des missiles multirôles légers (LMM), dits « Martlet », que Thales produira à Belfast pour l’armée indienne. Signé à Mumbai lors de la visite de Keir Starmer et de sa rencontre avec Narendra Modi, l’accord ancre un partenariat opérationnel et industriel entre les deux pays.
La séquence dépasse la simple vente d’armements. Les deux capitales lancent en parallèle une nouvelle étape industrielle sur la propulsion électrique navale, dotée d’une enveloppe initiale de 250 millions de livres (287 millions d’euros). L’Inde cherche à renforcer rapidement ses défenses sol-air face à la prolifération des drones tout en poursuivant l’ambition d’Atmanirbhar Bharat : internaliser des briques technologiques et bâtir, dans la durée, des chaînes de valeur locales. Le Royaume-Uni, de son côté, mise sur l’industrie de défense comme moteur de croissance et veut installer un partenariat d’armements de long terme avec New Delhi.
Le LMM, missile léger et polyvalent, s’intègre sur aéronefs, navires ou plateformes terrestres. Il peut engager des drones, hélicoptères, embarcations rapides et véhicules blindés. Issu de la lignée Starstreak, il privilégie la modularité et la rapidité de mise en œuvre : un atout pour des forces confrontées à un spectre de menaces hétérogènes avec des moyens optimisés. L’Inde recevra des missiles et des lanceurs au même standard que ceux fournis à l’Ukraine.
Belfast, épicentre de la montée en cadence de Thales UK
Le contrat s’inscrit dans une montée en cadence sans précédent à Belfast. En mars, l’agence d’acquisition britannique Defence Equipment and Support (DE&S) a commandé, au nom de l’Ukraine et dans le cadre de Task Force HIRST, plus de 5 000 LMM pour environ 1,6 milliard de livres (1,8 milliard d’euros), via des mécanismes de crédit export. En Irlande du Nord, Thales triple sa production, crée environ 200 emplois supplémentaires et soutient près de 700 postes existants, avec des retombées chez les sous-traitants britanniques.
La dimension politique pèse lourd. Keir Starmer s’est rendu à Mumbai avec une délégation d’envergure – dirigeants de grands groupes (Barclays, British Airways, BT Group, HSBC, London Stock Exchange Group, Rolls-Royce), universités et acteurs culturels – pour élargir le champ des coopérations. Le message est clair : au croisement sécurité, souveraineté et industrie, Londres et New Delhi assument des « dépendances choisies ». L’Inde gagne des capacités immédiatement opérationnelles ; le Royaume-Uni engrange un dividende industriel et consolide une tête de pont sur un marché clé.
Photo © Niall Carson – PA Images