Un rapport parlementaire propose de décaler le programme PANG pour répondre à des besoins plus urgents
Prévu pour être lancé officiellement en 2025, le programme de porte-avions de nouvelle génération (PANG) revient dans le débat politique. Dans un rapport d’information que nous avons pu consulter, les députés Thomas Gassilloud (Renaissance) et Damien Girard (EELV) ouvrent la porte à un possible décalage du projet. En cause : un effort budgétaire massif (environ 10 milliards d’euros) dans un contexte où les armées doivent se préparer à des scénarios de guerre plus exigeants et immédiats.
Décaler pour financer les priorités de court terme
Le PANG a été confirmé par la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 comme un élément clé de la future capacité aéronavale française. Il doit remplacer le Charles de Gaulle autour de 2038 et permettra de projeter des Rafale Marine puis son successeur, mais aussi, des drones. Pour les rapporteurs, son intérêt opérationnel ne fait pas débat : « En mer, la masse ne peut qu’être technologique », résume un responsable militaire cité dans le rapport.
Mais ce projet lourd arrive à un moment où les besoins urgents s’accumulent : munitions, défense sol-air, moyens de renseignement, drones, guerre des mines, maintenance… Pour Thomas Gassilloud, un décalage de quelques années du programme permettrait de réduire la période de chevauchement avec le Charles de Gaulle tout en libérant des marges financières pour d’autres priorités. Cela n’impliquerait pas l’abandon du programme, mais un rééquilibrage temporaire des efforts.
Vers deux PANG ? Une idée relancée dans un cadre européen
Le député Damien Girard, lui, y voit même une opportunité stratégique. Selon lui, repousser légèrement le programme pourrait permettre de planifier non pas un, mais deux porte-avions, avec une logique européenne à la clé. L’idée : construire une capacité navale partagée, interopérable entre alliés européens. Ce scénario relance un débat déjà porté par l’amiral Bernard Rogel, ancien chef d’état-major de la Marine nationale, qui plaidait récemment pour deux PANG afin de garantir une présence à la mer permanente.
Ce type de coopération permettrait de mutualiser certaines capacités, tout en renforçant la cohérence d’une défense européenne encore en construction. Reste que cela impliquerait une volonté politique forte, côté français comme côté partenaires.
Décaler le programme PANG n’est plus une idée marginale. Le contexte budgétaire et stratégique pousse à revoir certaines priorités, même dans les projets emblématiques. Mais ce report, s’il est décidé, pourrait aussi ouvrir de nouvelles perspectives, notamment celle d’un deuxième porte-avions intégré dans une démarche européenne. Le gouvernement devra trancher rapidement, car le lancement officiel est toujours prévu pour 2025.