La Belgique et la France s’accordent pour CaMo 3 avec des compensations industrielles
Après un rapport du Rekenhof pointant un retour industriel insuffisant et plusieurs mois de tractations, la Belgique et la France ont conclu fin juillet un accord pour rééquilibrer le programme CaMo (Capacité Motorisée). Le ministre de la Défense belge Theo Francken l’a annoncé sur X : « Nous avons conclu un accord avec la France pour une meilleure coopération économique et un retour sur investissement en matière de défense, après des mois de discussions et de négociations. Cet accord fait de nos deux pays des partenaires à part entière dans le projet CaMo. »
Pour lancer la troisième phase – près de 1500 Griffon, Jaguar et Serval – Paris a accepté de verser une « compensation financière » à l’industrie belge, condition posée par Bruxelles, selon les éléments rapportés par le journal De Tijd. Concrètement : FN Herstal étendra ses livraisons de munitions et d’armements légers à l’armée de Terre française, tandis que John Cockerill Defense (propriétaire d’Arquus) équipera les blindés français de ses tourelles.
VBAE : vers une production belge à Forest
Les deux pays préparent aussi la quatrième étape de CaMo, dédiée au VBAE (Véhicule Blindé d’Aide à l’Engagement). Si les études et financements sont validés, une ligne d’assemblage pourrait s’installer sur le site d’Audi Brussels à Forest. En misant sur cette production locale, la Belgique vise une maîtrise complète, du prototype à la série, et veut soutenir la R&D et l’emploi sur son sol. KNDS France remettra ses offres détaillées pour CaMo 3 avant la rentrée, et les ministres visent une signature définitive en septembre.
Toutefois, cet élan de coopération sur terre ne se retrouve pas dans l’aérien. La Belgique a commandé 34 F-35 A puis 11 de plus, tout en voulant rejoindre la phase 2 du SCAF pour co-développer le NGF. Éric Trappier, PDG de Dassault Aviation, a fusillé cette incohérence : « Si elle renonce à acheter des F-35, la Belgique est la bienvenue. Si je n’étais pas diplomate, je dirais qu’elle se fout de notre gueule. » Froissé, Theo Francken a répliqué : « Nous n’avons aucune leçon à recevoir d’industriels arrogants » et envisage de reconsidérer la participation belge au SCAF.
Ce contraste met en lumière la réussite terrestre de CaMo et les défis toujours ouverts de la défense aérienne européenne.
Photo © Ministère des Armées