Look Up lève 50 millions d’euros pour déployer son réseau de radars dédié à la surveillance de l’espace
Créée en 2022 à Toulouse par le général Michel Friedling (ancien commandant de l’Espace) et Juan Carlos Dolado (ex-CNES), Look Up annonce la clôture d’une série A de 50 millions d’euros, répartie entre 25 millions d’euros d’equity levés auprès de fonds européens et britanniques (ETF Partners, KFund, MIG Capital, Karista, Expansion et EIC Fund) et 25 millions d’euros de financements publics de l’Union Européenne destinés au déploiement de stations radar en Polynésie et outre-mer.
Ajoutés aux 14 millions d’euros obtenus lors de la phase d’amorçage, ces apports portent à 64 M€ le total levé depuis sa création. Ces ressources accélèreront la montée en cadence de SORASYS, son démonstrateur radar, ainsi que la consolidation de Synapse, sa plateforme de fusion et d’analyse de données spatiales .
Un radar en service en Lozère
En mai 2025, Look Up a mis en service son démonstrateur SORASYS à Monts-de-Randon, en Lozère, perché à 1 250 m d’altitude sur un plateau à pureté spectrale exceptionnelle. Grâce à « une capacité à détecter les objets en orbite 24 h/24 et 7 j/7 », le système repère les débris dès 1 cm², de jour comme de nuit et par tous temps, répondant d’abord aux besoins du marché militaire et de la Space Domain Awareness, explique Juan Carlos Dolado. Les mesures sont immédiatement relayées à Synapse, où les ingénieurs fusionnent et traitent les données pour générer des alertes de collision jusqu’à 72 h à l’avance.
Un réseau souverain pour faire face à la menace croissante des débris spatiaux
L’equity de 25 millions d’euros servira à déployer dix radars SORASYS supplémentaires d’ici 2030, en métropole et dans les territoires ultramarins, garantissant une couverture 24 h/24 des orbites LEO, MEO et GEO. En visant le Commandement de l’Espace et en souhaitant remplacer l’américain LeoLabs comme fournisseur de données radar, Look Up entend devenir le principal acteur européen de la sécurité spatiale. « Cette levée va accélérer notre déploiement mondial et renforcer nos capacités en Space Domain Awareness », souligne Michel Friedling.
Selon le CNES, l’orbite basse compte aujourd’hui près de 34 000 objets de plus de 10 cm (dont 11 500 satellites actifs), un million de fragments de 1 à 10 cm et plus de 128 millions de particules de 1 mm à 1 cm. Ces débris évoluent entre 7 et 16 km/s, et la collision d’un seul fragment peut déclencher un effet domino – le syndrome de Kessler. Chaque année, le CNES émet près de 200 alertes anti-collision via son service CAESAR et impose des règles strictes (désorbitation, orbites-cimetière, règle des 25 ans) pour limiter la prolifération des débris et préserver la viabilité des activités spatiales.