À mesure que les conflits de haute intensité réintroduisent des formes de combat plus directes, la France étoffe son arsenal de munitions téléopérées. Dans ce contexte, le Veloce 330, développé par EOS Technologie en partenariat avec KNDS et avec le soutien actif de la Direction générale de l’armement (DGA) et de l’Agence de l’innovation de Défense (AID), franchit une nouvelle étape cruciale. Cette MTO (munition téléopérée) de moyenne portée, dévoilée en 2024, entre dans une phase avancée de qualification opérationnelle, marquant un tournant pour l’industrie française du drone d’attaque.
Une MTO française de nouvelle génération en voie de validation
Le Veloce 330 n’est plus un simple prototype prometteur. Après plus d’une centaine de vols d’essai et une série de démonstrations réussies sous contrôle de la DGA, l’engin est désormais entièrement dronisé, doté d’un guidage terminal innovant qui associe haute précision, haute vitesse et maintien de l’homme dans la boucle. Le 10 juin 2025, une séquence vidéo (ci-dessous) en atteste : la munition cible à la vitesse d’un missile un char à l’échelle réelle, avec une précision métrique, sans recourir au GPS (grâce à la technologie de TRAAK).
Cette avancée technique n’est pas un simple coup d’éclat. Elle repose sur une architecture logicielle et matérielle conçue en interne, en quelques mois à peine, par EOS Technologie. Grâce à cette autonomie technologique, l’industriel devient le premier fabricant 100 % français de solutions d’autoguidage pour drones et MTO. À ce titre, il incarne une réponse crédible aux besoins exprimés par les armées françaises dans le cadre de l’évolution de leurs doctrines Feux.
« Nous voulons aller sur de la moyenne et grande série, car c’est ce dont a besoin la France », nous indiquait déjà Jean-Marc Zuliani, directeur général d’EOS, en 2023. Ce positionnement industriel permet à l’entreprise d’afficher des coûts bien inférieurs à ceux de la concurrence, sans compromis sur la performance.
KNDS, partenaire industriel historique d’EOS, intègre désormais le Veloce 330 à son offre MATARIS sur le segment moyenne portée. Ce choix renforce l’ancrage du programme dans une logique de diffusion industrielle, avec des perspectives d’exportation claires face à des concurrents établis comme Aerovironment ou uVision.
Vers une filière souveraine de drones d’attaque made in France
L’été 2025 s’annonce comme un jalon décisif. Les trois armées vont entamer leurs propres expérimentations sur un premier lot de 17 Veloce 330, en parallèle d’essais étatiques programmés à la DGA Essais de missiles (DGA EM). Ces tests, qui incluront des démonstrations à charge explosive avant fin 2025, permettront d’évaluer la tête militaire de 2,5 kg développée par KNDS, inspirée de la technologie de l’obus BONUS.
En parallèle, EOS prépare l’avenir avec le Rodeur 330, version longue portée du Veloce. En remplaçant la propulsion par un moteur à pistons, ce drone étend son rayon d’action à plus de 500 km avec une autonomie de 8 heures.
Ce choix de la modularité et de l’itération rapide fait partie de l’ADN de l’entreprise. « Sur le segment drones, l’innovation n’intervient pas que dans la fabrication d’un vecteur. Il y a aussi une innovation à mener sur le processus de fabrication lui-même », soulignait Zuliani.
Le Rodeur 330 est également conçu comme une rampe de lancement technologique en vue du prochain appel d’offres de la DGA, qui entend disposer d’une alternative française. Avec un système simple à utiliser, évolutif et compétitif, EOS Technologie affirme ainsi sa capacité à répondre aux besoins concrets des armées, en s’ancrant dans une dynamique d’innovation agile et continue.
Le Veloce 330 ne représente pas seulement une munition de précision : il incarne la montée en puissance d’un tissu industriel français réactif, capable de produire vite, bien et à coût maîtrisé. Dans un contexte de guerre en Ukraine qui rebat les cartes de l’innovation de défense, EOS Technologie s’impose comme un acteur stratégique de cette nouvelle génération de drones d’attaque : efficaces, modulables et pensés pour les exigences du combat moderne. « Nous essayons de changer la règle du jeu », affirmait Jean-Marc Zuliani. Et visiblement, la partie ne fait que commencer.