En Pologne, KNDS France propose un plan à 200 000 obus par an en partenariat avec PGZ
La Pologne veut franchir un cap industriel. Pour sécuriser l’approvisionnement en munitions de 155 mm, Varsovie vise désormais une capacité annuelle de 200 000 obus. Dans ce cadre, KNDS France avance une proposition articulée autour d’un partenariat avec le conglomérat public PGZ (Polska Grupa Zbrojeniowa). D’emblée, l’industriel écarte le « tout neuf » : il privilégie, au contraire, le renforcement des chaînes déjà en place, avec transferts de savoir-faire, formation et ajout d’outillages.
Concrètement, le plan s’appuie sur une montée en puissance progressive. D’abord, des composants critiques (comme les corps d’obus) seraient fournis pour démarrer la production sans délai. Ensuite, des machines-outils viendraient compléter les ateliers existants afin d’augmenter les cadences. Enfin, la qualification des procédés et la formation des équipes locales permettraient d’atteindre la pleine capacité en moins de trois ans. Ainsi, la Pologne gagnerait du temps tout en internalisant des compétences clés.
Par ailleurs, KNDS place PGZ et ses filiales (Mesko, Nitro-Chem, Dezamet, Gamrat) au cœur de l’architecture. Cette approche, précisément, répond à un double objectif : livrer vite et ancrer durablement la valeur sur le territoire. À court terme, les lignes polonaises seraient alimentées et stabilisées. À moyen terme, elles gagneraient en autonomie de décision, en flexibilité et en résilience face aux à-coups de la demande.
KNDS–PGZ : produire plus, plus près
Sur le volet capacitaire, l’offre s’appuie sur la famille d’obus LU211. Compatibles avec les obusiers KRAB et K9 – et, le cas échéant, avec le CAESAr – ces munitions ont été éprouvées en opérations exigeantes. Surtout, la gamme se décline : versions éclairantes et fumigènes d’un côté ; options d’allonge de portée de type base-bleed de l’autre, pour des frappes au-delà de 40 km. Autrement dit, l’industriel met sur la table une offre flexible, adaptée aussi bien aux tirs de précision à longue distance qu’à un impact plus puissant sur l’objectif.
Dans le même temps, l’Europe réorganise ses chaînes d’approvisionnement. Depuis 2022, les États membres accélèrent, car la réalité opérationnelle impose des volumes, des délais tenus et des stocks reconstitués. Dès lors, le pari polonais s’inscrit dans un mouvement plus large : rapprocher la production des besoins et mutualiser l’effort à l’échelle intracommunautaire. Toutefois, la compétition industrielle demeure vive et plusieurs acteurs cherchent à capter ces marchés.
Pour Varsovie, l’équation est claire : produire plus, plus près, et plus longtemps. Pour KNDS, l’enjeu est symétrique : démontrer qu’un partenariat « ancré localement » peut livrer vite sans sacrifier l’apprentissage. En définitive, si le projet est retenu, il pourrait devenir un modèle exportable de réarmement intelligent : d’abord sécuriser la disponibilité, ensuite densifier les compétences, enfin stabiliser une base industrielle souveraine.
En somme, faire de l’usine un levier stratégique, autant qu’un atout tactique.
Photo © Reuters – Sarah Meyssonnier