Le Maroc muscle ses capacités avec l’achat de dix H225M Caracal auprès d’Airbus Helicopters
Rabat a tranché. Le 1er septembre, les Forces royales air ont officialisé l’achat de dix H225M Caracal auprès d’Airbus Helicopters. C’est l’épilogue d’un feuilleton entamé en 2021, relancé à l’automne dernier, et porté par un réchauffement politique entre Paris et Rabat. L’hypothèse d’une commande plus large avait circulé lors de la visite d’État d’Emmanuel Macron en octobre 2024 ; le format retenu est finalement de dix appareils. L’essentiel est ailleurs : le Maroc se dote d’une capacité de projection et de sauvetage au combat de premier plan.
D’une flotte vieillissante à une rupture technologique
Sur le plan opérationnel, le Caracal coche les cases des missions à haute valeur ajoutée : infiltration et exfiltration de forces spéciales, CSAR, évacuation médicale. L’appareil peut embarquer près de vingt-huit militaires, voler de nuit par tous temps et ravitailler en vol grâce à sa perche, ce qui étend son rayon d’action. Couplée aux deux KC-130H marocains, cette option ouvre un jeu de scénarios que les voisins du royaume du Maroc peuvent difficilement égaler.
Le calendrier tombe à point nommé. La flotte d’hélicoptères de manœuvre marocaine repose encore sur des SA330 Puma, des AB-205 Huey et des Bell 212 dont l’âge moyen frôle un demi-siècle. Le H225M apporte une rupture technologique : avionique tout écran, pilote automatique 4 axes réduisant la charge des équipages, autoprotection intégrée avec leurres et détecteurs de menaces. L’appareil peut recevoir le système d’armement HForce, permettant un éventail d’effets allant des mitrailleuses aux roquettes guidées.

L’environnement stratégique pèse aussi. Washington a tenté de pousser le S-70i Black Hawk de Sikorsky ; Rabat privilégie la cohérence capacitaire et l’interopérabilité avec des partenaires européens. Le choix du Caracal consacre par ailleurs un rapprochement diplomatique consolidé depuis la reconnaissance par Paris, en juillet 2024, de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Au-delà du symbole, c’est un contrat qui ancre la relation dans le temps long.
Sahara occidental : la diplomatie en arrière-plan
Le volet industriel est loin d’être accessoire. Airbus Helicopters a donné son accord de principe pour implanter au Maroc un centre MRO (maintenance, réparation et opérations) dédié, avec vocation de hub vers l’Afrique de l’Ouest. À la clé : des gains logistiques, une montée en puissance des compétences locales et des délais de maintenance raccourcis. La création d’un comité d’armement conjoint franco-marocain vient compléter le tableau, avec un objectif clair : structurer la base industrielle et technologique de défense du Royaume.
Quant à la force aérienne marocaine, l’équation est limpide : dix Caracal aujourd’hui, une capacité opérationnelle crédible d’ici 2028, et un statut de premier opérateur africain du H225M. Côté Airbus, l’affaire confirme un leadership sur le segment des hélicoptères d’opérations spéciales. Pour Rabat enfin, il s’agit d’un investissement dual (militaire et industriel) qui modernise, autonomise et crédibilise sa posture régionale.
Photo © Indonesian Air Force