Leonardo DRS et KNDS proposent le canon CAESAr pour le programme de modernisation de l’artillerie de l’US Army
Leonardo DRS et KNDS s’allient pour proposer aux États-Unis une version du canon automoteur CAESAr (camion équipé d’un système d’artillerie). Annoncé le 13 octobre à Washington à l’occasion du salon AUSA 2025, l’accord vise un objectif simple : répondre aux besoins de l’US Army en capacité longue portée, précision et mobilité, avec une solution déjà éprouvée en opérations. Leonardo DRS sera maître d’œuvre et apportera son savoir-faire d’intégrateur ; KNDS fournira la pièce d’artillerie et son écosystème de munitions.
Une alternative rapide à déployer pour l’US Army
Le pari est pragmatique. Plutôt que de repartir d’une feuille blanche, le duo avance un système « prêt à l’emploi » qui a fait ses preuves sur plusieurs théâtres. Le CAESAr est connu pour sa mise en batterie rapide, sa cadence de tir soutenue et sa capacité à « tirer et décrocher » en quelques instants, un atout en zone saturée de drones, sous pression permanente des feux de contre-batterie. La mobilité sur camion allège la logistique et facilite l’intégration sur des terrains variés.
Au-delà de la fiche technique, l’argument clé reste l’épreuve du feu. KNDS souligne que 120 CAESAr opèrent aujourd’hui en Ukraine, un retour d’expérience qui renforce la robustesse du système, la sécurité des servants et la précision à longue portée. Pour l’US Army, en quête d’allonge et de réactivité, la proposition coche l’essentiel : précision, adaptabilité, cadence de tir et intégration possible sur un porteur tactique américain. Autre signal favorable : la compatibilité avec la munition guidée M982 Excalibur a déjà été validée lors d’essais au Yuma Proving Ground (Arizona) en 2022, avec des impacts au-delà de 46 km. Dans un contexte d’attrition élevée et de chaînes d’approvisionnement hybrides, cette « longue portée de précision » n’est plus un luxe mais une nécessité.
Le calendrier pèse aussi. Après des décennies de programmes avortés (Crusader, NLOS-C) et l’arrêt d’ERCA en 2024 pour usure prématurée du tube L58, l’US Army recentre son effort sur une modernisation « SPH-M » misant sur des solutions mûres. La RFP (Request For Proposal) prévu début 2025 a glissé ; l’armée prévoit désormais de nouvelles démonstrations de tir à Yuma début 2026, avant d’affiner le cahier des charges. En parallèle, elle convertit sa flotte Paladin au standard M109A7, tandis que BAE Systems pousse un prototype « M109-52 » à faible risque (canon L52 sur châssis A7).

KNDS à la porte du premier marché terrestre mondial ?
La compétition s’annonce ouverte, entre solutions chenillées et à roues : Archer (BAE Systems) sur porteur 8×8/10×10, K9A2 (Hanwha) automatisé, RCH155 (Rheinmetall) sur Boxer, Sigma (Elbit Systems) déjà en production aux États-Unis, ou encore l’offre GDLS-KNDS Deutschland « Nemesis » (module d’artillerie L52 sur chenillé ASCOD) et sa déclinaison à roues Piranha. Les enseignements d’Ukraine – fin annoncée de l’âge d’or de l’artillerie tractée, vulnérable à la contrebatterie et aux munitions rôdeuses – renforcent l’intérêt pour des systèmes « shoot-and-scoot » à haute cadence et intégrables dans les réseaux C5I.
Industriellement et politiquement, la question centrale reste l’« américanisation » : production et MCO sur sol US, intégration aux systèmes de conduite de tir et aux réseaux C5I existants, maîtrise des coûts et des délais. L’adossement à Leonardo DRS – intégrateur reconnu de capteurs, communications, protection et soutien – est conçu pour lever ces verrous. Côté client, l’offre promet un time-to-field réduit et un risque programme contenu.
En résumé, l’alliance Leonardo DRS-KNDS arrive au bon moment : une solution transatlantique « prête à servir », pensée pour la portée, le tempo et la survivabilité, face à un SPH-M encore en définition. Si l’américanisation est convaincante et la performance au rendez-vous, le CAESAr peut s’inviter dans la modernisation de l’artillerie US.
Photo © KNDS