La Roumanie commande 200 systèmes Mistral 3 dans le cadre d’un achat européen
La Roumanie franchit une nouvelle étape dans la modernisation de son armée. En effet, selon Defense Romania, le ministère de la Défense (MApN) roumain prévoit l’acquisition de plus de 200 systèmes portables de défense antiaérienne Mistral 3, assortis d’un millier de missiles, pour un montant estimé à 626 millions d’euros. Cette commande s’inscrit non seulement dans un effort de rééquipement national, mais également dans une logique de coopération européenne renforcée.
Concrètement, cet achat bénéficie du programme EDIRPA (European Defence Industry Reinforcement through Common Procurement Act), un mécanisme de l’Union européenne visant à encourager les acquisitions groupées. Ainsi, en novembre 2024, la Commission européenne a validé un achat commun de 1500 missiles Mistral 3. Celui-ci est mené par la France au nom de neuf pays : la Belgique, Chypre, l’Estonie, la Hongrie, le Danemark, la Slovénie, l’Espagne, la Roumanie et la France.
Par conséquent, la Direction générale de l’armement (DGA) assurera la passation du marché auprès du missilier MBDA, garantissant des conditions tarifaires identiques pour tous les États participants.
Bucarest investit dans ses capacités de défense
En termes opérationnels, le Mistral 3 est un missile sol-air de très courte portée, léger (moins de 20 kg) et facilement déployable. Grâce à son mode de fonctionnement « tire et oublie », il peut intercepter une large variété de menaces : drones, hélicoptères, avions à basse altitude, voire missiles de croisière. De ce fait, il constitue un outil stratégique pour protéger rapidement des unités mobiles ou des infrastructures critiques.
Parallèlement, la Roumanie finalise un second programme majeur dans le domaine de la défense aérienne : le projet SHORAD/VSHORAD, destiné à couvrir les besoins à courte et très courte portée. Ce contrat, évalué à 4,2 milliards d’euros, prévoit l’acquisition de 41 systèmes pour les forces terrestres et aériennes. Le groupe israélien Rafael a d’ailleurs été sélectionné pour livrer ces équipements, avec une signature attendue d’ici la fin de l’année.
En outre, ces investissements s’inscrivent dans une stratégie plus globale de transformation des forces armées roumaines. Actuellement, plus de 70 programmes d’armement sont en cours ou en préparation, dont l’achat de 246 blindés d’infanterie (2,5 milliards d’euros) et de 200 000 armes individuelles de standard OTAN (400 millions d’euros).
La coopération militaire franco-roumaine prise pour cible
Cependant, cette coopération militaire étroite avec la France ne va pas sans provoquer des tensions informationnelles. En effet, selon une analyse récente de l’ambassade de France en Roumanie, une campagne de désinformation ciblant Paris circule activement sur les réseaux sociaux roumains depuis l’annonce du contrat Mistral. Relayée par des comptes conspirationnistes pro-russes, elle accuse la France d’imposer un « tribut » en échange de son soutien militaire et insinue une ingérence dans la politique intérieure roumaine.
Au-delà de la polémique, cette offensive informationnelle s’inscrit clairement dans une stratégie plus large visant à affaiblir la coopération militaire européenne. En réalité, la France intervient en Roumanie dans le cadre de la mission AIGLE, qui en fait la nation-cadre du groupement de l’OTAN déployé dans le pays depuis 2022. Cet engagement, visible sur le terrain, s’inscrit dans une posture défensive et dissuasive.