L’Inde souhaite accélérer sur le Rafale F4 avec une première commande de 90 appareils et une signature en 2026
L’Indian Air Force (IAF) s’approche d’un choix qui pèserait lourd sur sa modernisation. Selon des sources concordantes rapportées par India.com, New Delhi envisage de recentrer le programme MRFA (Multi-Role Fighter Aircraft) sur un accord direct (gouvernement à gouvernement) avec Paris pour des Rafale au standard F4, avec un feu vert politique attendu à l’automne et une signature visée en 2026 – pour une première tranche de 90 avions. L’objectif est clair : combler rapidement le déficit d’escadrons – environ 31 aujourd’hui, possiblement 29 après le retrait des derniers MiG-21 – face aux pressions simultanées de la Chine et du Pakistan.
Dassault Aviation a affûté son offre. D’après Defence In, le constructeur tricolore propose 60 % du de fabrication et d’intégration des 114 appareils, via une ligne finale à Nagpur (site MiG-29). La méthode s’inspire du partenariat C-295 : transfert de compétences, montée en cadence et maillage d’une supply chain locale. Le calendrier avancé est offensif : premier Rafale « made in India » trois ans après la signature, dernière livraison au bout de six ans, avec une pointe à 24 avions par an dès la deuxième année de production. À la clé, des milliers d’emplois et une montée en gamme du secteur aéronautique indien.
Côté capacités, la première tranche viserait le standard F4.1 (suite de guerre électronique SPECTRA renforcée, radar AESA RBE2-AA, missiles Meteor). Après 2030, une seconde phase basculerait vers le F5, présenté comme « évolutif » avec des briques de combat collaboratif homme-machine et des améliorations propulsives promises par Safran. L’idée est de fournir un pont opérationnel avant l’arrivée des programmes nationaux Tejas Mk2 et AMCA, tout en capitalisant sur l’expérience des 36 Rafale déjà en service, appréciés pour leurs taux de disponibilité et leurs performances lors d’exercices comme Tarang Shakti 2024 ou de l’opération Sindoor face au Pakistan.
Le nerf de la guerre : le coût
Un point sensible demeure : les capteurs. Dassault prévient qu’un remplacement du radar Thales par un AESA indien (par l’Uttam de la Defence Research and Development Organisation) retarderait l’intégration d’environ deux ans. Le constructeur met en avant une évolution du RBE2 (portée, résistance au brouillage, suivi assisté par IA) de Thales. En face, New Delhi insiste sur l’accès au code et la liberté d’intégrer ses munitions (Astra, Rudram) sans dépendances excessives. Un débat de souveraineté qui pèsera dans la négociation finale.
Reste le coût. À 80-100 millions d’euros l’unité, la facture dépasserait les 9 milliards d’euros pour 90 Rafale et plus de 11 milliards d’euros pour 114 appareils, dans un budget déjà sollicité par d’autres priorités (S-400, sous-marins). Les partisans du schéma de gouvernement à gouvernement (G2G) avancent des gains de 15–20 % et des offsets élevés, tandis que la production locale à Nagpur réduirait le coût de possession à long terme.
Face aux offres américaines (F-21/F-18, et l’option F-35 à plus long terme) et à la proposition russe Su-57, la continuité logistique, la mutualisation avec les 26 Rafale Marine attendus à partir de 2028 et la promesse d’une fabrication locale donnent au dossier français un net avantage… à confirmer par l’arbitrage politique.
Photo © DGA-Essais en vol