« En Afghanistan, j’ai tué. Et je sais qui j’ai tué. Des talibans. J’ai une âme de combattant. » Cette phrase, confiée récemment à L’Express, en dit long sur le nouveau chef d’état-major des Armées (CEMA). Derrière son calme apparent et son ton posé, le général d’armée aérienne (GAA) Fabien Mandon est un militaire aguerri, qui a connu le feu. Ce 23 juillet 2025, il a été nommé à la tête des armées françaises, succédant au général Thierry Burkhard après quatre années de commandement.
Cette transition s’opère dans un contexte tendu. Menace russe persistante, incertitudes sur le soutien américain aux Européens, tensions du Sahel à l’Indo-Pacifique en passant par le Moyen-Orient : les armées françaises évoluent dans un environnement stratégique instable. « J’ai pleine confiance en sa capacité à poursuivre, avec rigueur et détermination, la transformation de nos forces dans un contexte sécuritaire toujours plus exigeant », a déclaré le ministre des Armées, Sébastien Lecornu. Le général Mandon devra tenir l’institution jusqu’à la fin du quinquennat, et peut-être au-delà.
Un profil complet, entre terrain et cabinets ministériels
Le parcours du nouveau CEMA mêle expérience opérationnelle et culture politique. Pilote de chasse formé sur Mirage F1 puis 2000D, il a réalisé 144 missions de guerre, notamment au Tchad et en République démocratique du Congo. Il a ensuite commandé la base aérienne 702 d’Avord, avant d’occuper plusieurs postes au sein du ministère des Armées. Passé par la Direction générale des Relations internationales et de la Stratégie (DGRIS), il a rejoint les cabinets de Florence Parly puis de Sébastien Lecornu. En 2023, il devient chef d’état-major particulier du d’Emmanuel Macron, rôle clé dans lequel il conseille Emmanuel Macron sur la dissuasion nucléaire et les grands équilibres militaires.
Cette nomination prolonge une pratique bien établie : plusieurs chefs d’état-major des armées récents sont passés par l’Élysée avant d’être nommés à la tête des forces. Mais le profil de Fabien Mandon se distingue : il est le premier aviateur à occuper cette fonction depuis près de trente ans. Son style, apprécié pour sa sérénité et sa capacité d’écoute, tranche avec l’image parfois plus rugueuse du commandement militaire.
Il prend la suite de Thierry Burkhard, qui a porté le virage doctrinal vers la haute intensité. Nommé en 2021, celui-ci avait anticipé le retour des conflits entre États et préparé les armées à des engagements plus lourds. Son départ, prévu de longue date, évite un changement de commandement trop proche des prochaines échéances politiques.
Le général Fabien Mandon arrive avec une feuille de route claire : continuer la transformation, maintenir la crédibilité des forces, et faire face à un monde de plus en plus incertain.
Photo © Ludovic MARIN – AFP