Un drone FPV pour chaque élève-officier des Armées : la proposition audacieuse des députés
La « masse dronisée » s’impose aujourd’hui comme un impératif pour les armées occidentales, confrontées au double défi démographique et à l’évolution rapide des conflits. Sous l’égide de l’Amiral Vandier, l’OTAN anticipe que drones et robotisation, pilotés par l’IA, représenteront bientôt 10 à 15 % des capacités militaires traditionnelles. Face à l’exemple ukrainien, où ces systèmes autonomes ont redéfini les rapports de force – reconnaissance en temps réel, appui-feu de précision, harcèlement de l’adversaire –, il devient essentiel de préparer chaque futur cadre à maîtriser ces outils à bas coût, capables de multiplier l’action tout en préservant les hommes.
Un levier de massification stratégique
Les drones ne se cantonnent plus au simple soutien logistique : ils sont devenus des multiplicateurs de force. Leur faible empreinte budgétaire – coût réduit par rapport aux systèmes traditionnels – et leur capacité à opérer dans des environnements hostiles les rendent indispensables. Toutefois, leur déploiement intensif révèle des vulnérabilités : brouillage électromagnétique, limitations d’autonomie énergétique, difficultés de navigation en terrains complexes. À court terme, l’intégration d’essaims interconnectés et le développement d’une autonomie décisionnelle contrôlée par IA constitueront les deux axes de rupture, ouvrant la voie à des opérations aéroterrestres et maritimes entièrement coordonnées, même en l’absence de liaison permanente avec un centre de commandement.
Vers une culture opérationnelle du drone FPV
Pour répondre à ces enjeux, un rapport parlementaire sur la masse et la haute technologie, co-rédigé par les députés Thomas Gassilloud et Damien Girard, recommande de doter chaque élève officier et sous-officier des Armées d’un drone commercial FPV dès son entrée en école.
L’objectif : inculquer les compétences techniques (assemblage, maintenance, programmation) et tactiques (manœuvres, évaluation des risques) au plus tôt. En s’appuyant sur l’exemple de l’École de drones de l’armée de Terre, ce dispositif favoriserait l’innovation locale, l’appropriation des contre-mesures et l’expérimentation continue, via un usage personnel et discrétionnaire. La prolifération des écoles privées de pilotage en Ukraine démontre que la maîtrise du FPV n’est plus l’apanage d’une élite, mais une nécessité opérationnelle généralisée.
Concrètement, ce « terrain de jeu » permanent permettrait aux futurs cadres de développer une véritable culture technologique et tactique, indispensable pour optimiser le recours massif aux systèmes autonomes et garantir la supériorité qualitative et quantitative de nos forces.
Photo © ADJ Anthony THOMAS-TROPHIME