Coup de tonnerre : Destinus s’allie à Thales pour produire des drones kamikazes en masse
Destinus accélère. Selon La Tribune, le constructeur de drones, fondé par le transfuge russe Mikhail Kokorich, a signé avec Thales un protocole d’accord (MoU) pour développer une famille d’« effecteurs à usage unique » (One Way Effector) et des solutions de lutte anti-drones (C-UAS). L’objectif : produire vite, en volume, des systèmes performants mais frugaux, alors que l’Ukraine et les pays de l’OTAN cherchent des réponses industrialisables face à la saturation du ciel par les drones.
L’A400M comme plateforme d’essaims de drones
La coopération, amorcée aux Pays-Bas autour de briques radar et de commandement et de contrôle (C2), clarifie les rôles : Destinus conçoit des vecteurs autonomes dopés à l’intelligence artificielle (IA) ; Thales apporte charges utiles, guidage terminal, communications résilientes et intégration système. Sur la table, des drones kamikazes couvrant plusieurs portées, des intercepteurs C-UAS articulés autour des capteurs et du C2 de Thales, et un concept de projection original : des palettes de 8 à 10 drones larguées depuis des A400M, capables de se regrouper en essaim après libération du parachute.
Côté terrain, l’écosystème Destinus s’étoffe. Depuis 2023, l’Ukraine recevrait chaque mois plus d’une centaine de Lord, drones à hélice (750 à 2 000 km de portée selon versions) employés pour des frappes de précision, du renseignement, l’interception électromagnétique et le brouillage. S’y ajoutent Ruta, drone à réaction d’environ 300 km de rayon d’action, et Hornet, mini-drone rapide (environ 300 km/h) dédié à l’interception et au relais de communications.
Pour contourner les contraintes suisses sur l’export dual, l’assemblage a été déplacé à Munich, tandis que la R&D demeure à Payerne. Fin 2024, le siège a basculé à Hengelo (Pays-Bas), environnement plus favorable aux licences de défense. Le plan industriel est ambitieux : 10 000 drones en 2025 (environ 300 millions d’euros de chiffre d’affaires), puis 100 000 en 2026, grâce à plusieurs sites européens et une chaîne d’assemblage en Ukraine.
MBDA vs Thales–Destinus : une bataille pour le volume
Un contexte européen tourné vers la massification. Le 15 juin 2025, MBDA a annoncé, à la veille du salon du Bourget, un partenariat inédit avec un grand constructeur automobile français pour produire en série un One Way Effector longue portée (environ 500 km) à raison de 1 000 unités par mois, selon Éric Béranger. Objectif : importer dans la défense les méthodes de production de masse de l’automobile, après les tensions sur les cadences (Aster 30). Plus simple et moins coûteux, cet OWE doit compléter les missiles de haute précision par la saturation des défenses. Le signal est clair : l’Europe arme son écosystème pour le volume : du missile low-cost de MBDA aux essaims de Destinus–Thales.
Dernier mouvement stratégique, et non des moindres : le 5 août 2025, Destinus a annoncé le rachat de Daedalean, spécialiste suisse de l’IA aéronautique, pour près de 225 millions de dollars, avec une finalisation attendue d’ici fin 2025. L’enjeu : une IA certifiable capable d’assister le pilotage, de naviguer sans GNSS et de coordonner des essaims en temps réel. Forte de 150 experts en vision par ordinateur et machine learning, Daedalean doit sécuriser la montée en gamme logicielle des drones Destinus : la brique manquante pour conjuguer volumes, sophistication et conformité réglementaire.
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