La Belgique pourrait miser sur l’ALAT pour préserver ses NH90
La Belgique se retrouve face à un dilemme : retirer de son parc aérien ses quatre hélicoptères NH90 TTH en septembre prochain, tout en devant conserver une capacité de transport tactique qu’aucun appareil léger ne pourra véritablement combler avant plusieurs années. Cette situation, annoncée début juillet par le ministre de la Défense Theo Francken, tient moins à un défaut technique qu’à une insuffisance de moyens logistiques et humains, entre manque de hangars adaptés à ces appareils et effectifs réduits de mécaniciens et de pilotes.
Du côté d’Airbus Helicopters et de NH Industries, consortium industriel regroupant également Leonardo et GKN-Fokker, on insiste sur la robustesse du NH90 : la version maritime NFH, utilisée pour les missions de sauvetage en mer et bientôt pour la lutte anti-sous-marine, reste pleinement exploitée par la Marine en dépit de besoins tout aussi exigeants. Selon Axel Aloccio, patron de NH Industries, la décision belge découle avant tout d’un manque de ressources dédiées à la maintenance plutôt que d’un dysfonctionnement structurel des machines.
Éviter le creux capacitaire
Privée de successeur opérationnel avant la livraison, prévue en 2026, de quinze H145M légers, la Belgique doit impérativement éviter un vide capacitaire. Les H145M, certes plus économiques et plus maniables, ne peuvent transporter que six à huit passagers, contre une quinzaine à bord du NH90. Cette différence d’autonomie et de charge utile creuserait un fossé entre les besoins tactiques de l’armée de l’air et les moyens disponibles, tant pour des exercices nationaux que pour les déploiements extérieurs.
Pour pallier cet écart, Bruxelles a engagé des discussions de haut niveau avec Paris. Plusieurs formules sont à l’étude : l’intégration temporaire des NH90 TTH dans l’Aviation légère de l’armée de Terre (ALAT) française, qui dispose déjà d’une flotte d’NH90 au 3e Régiment d’hélicoptères de combat (3e RHC) d’Étain-Rouvres (Meuse), ou encore une gestion conjointe des maintenances au sein du cadre logistique géré par l’agence NATO Helicopter Management Agency (NAHEMA).
L’intérêt pour la France est double : optimiser la cohérence de son propre parc NH90 et renforcer la coopération opérationnelle avec un pays voisin et allié. Pour la Belgique, c’est l’assurance de conserver, au moins jusqu’à l’arrivée des nouveaux hélicoptères légers, une capacité solide de transport et d’évacuation de troupes, essentielle à toute projection ou à toute mission de souveraineté sur son territoire.
Vers un accord franco-belge de transition
Un accord bilatéral pourrait être finalisé avant la fin de l’année 2025. Il devrait reposer sur un protocole garantissant le maintien en condition de vol des quatre NH90, financé par Bruxelles mais exécuté sous supervision française, jusqu’à ce que les H145M soient pleinement opérationnels. Cette phase transitoire permettrait aussi d’éviter un surcoût lié à un stockage prolongé et à une remise en service ultérieure.
La leçon de ce dossier est claire : disposer d’un nombre critique d’appareils et d’une chaîne de soutien logistique adaptée est aussi vital que le choix des machines elles‑mêmes. À défaut, même un matériel performant peut se retrouver mis hors service prématurément. En misant sur un partenariat pragmatique avec la France, la Belgique vise à transformer une contrainte budgétaire en opportunité de renforcement de l’interopérabilité européenne.
Photo © Niels Quist & Hilco Schicht