Dassault Aviation et Thales s’allient pour une IA souveraine au service du combat aérien du futur
Dassault Aviation et Thales ont officialisé, via l’accélérateur cortAIx, un partenariat stratégique pour développer une intelligence artificielle (IA) « maîtrisée et supervisée » au service du combat aérien. Derrière la formule, il s’agit d’outiller les futurs systèmes de défense français (Rafale, drones ou encore plateformes de commandement) avec des briques d’IA conçues et contrôlées en Europe, dans le cadre de l’AI Act.
Le cœur du projet est clair : mieux exploiter les données de multiples capteurs, clarifier une situation opérationnelle en quelques secondes, proposer des options tactiques et aider à la planification des missions, tout en maintenant un contrôle humain sur la décision finale. L’objectif n’est pas de déléguer la conduite du combat à des algorithmes, mais de soulager des équipages saturés d’informations et de donner de la cohérence à un combat aérien devenu fondamentalement collaboratif.
IA de défense : entre tropisme américain et pari européen
Vu de l’international, cette annonce s’inscrit dans une course déjà bien engagée. Aux États-Unis, les programmes de « collaborative combat aircraft » (CCA) misent sur des drones accompagnateurs très autonomes, soutenus par un écosystème où Big Tech est omniprésent. La Chine avance sur les essaims de drones et l’automatisation poussée, avec peu de transparence sur les garde-fous. Le Royaume-Uni et ses partenaires du programme GCAP (Global Combat Air Programme) font, eux aussi, de l’IA un pilier de leur futur système de combat.
La France, elle, dispose des acteurs pour jouer dans cette cour-là : Dassault et Thales ont la taille, les compétences et l’accès aux forces pour faire entrer l’IA de défense dans les armées françaises. Le vrai sujet est désormais européen. Entre tropisme américain d’une partie des partenaires, exigences d’interopérabilité OTAN et pressions industrielles, rien ne garantit que cette « voie française » devienne un standard partagé. Ce partenariat posera donc une question politique autant qu’industrielle : l’Europe veut-elle sa propre pile d’IA de combat, ou accepter que celle-ci soit, à terme, largement importée des États-Unis ? En tout cas la France montre avec ce tandem qu’elle ne compte pas laisser à d’autres le soin de décider de l’IA qui accompagnera ses avions de combat.
Photo © Dassault Aviation – C. Cosmao