Tallinn et Séoul ont signé un accord de coopération qui ouvre la voie à l’acquisition de K239 Chunmoo (Hanwha Aerospace). L’idée est simple : ajouter une seconde famille de lance-roquettes à l’armée estonienne (Eesti Kaitsevägi) pour compléter les HIMARS américains déjà commandés. L’objectif assumé est la frappe en profondeur afin de traiter des cibles loin en zone adverse et d’épaissir la dissuasion régionale. En parallèle, l’Estonie poursuit la procédure pour des HIMARS supplémentaires, avec des dates de livraison encore attendues. Le choix d’un « mix » américano-coréen fait écho au modèle polonais et vise aussi à sécuriser l’accès aux munitions.
Sur le plan opérationnel, le Chunmoo apporte de la modularité et du débit de feu, quand le HIMARS offre une précision éprouvée et une interopérabilité OTAN bien rodée. La combinaison des deux élargit le spectre d’effets, du tir volumétrique aux frappes sélectives, et complique la contre-batterie adverse. Les deux systèmes sont routiers, mobiles, et se rechargent rapidement, ce qui favorise des cycles « tir-déplacement courts ». L’enjeu est de gagner en portée, en cadence et en endurance logistique plutôt que de tout miser sur une seule plateforme. À l’échelle de l’Alliance, cela augmente la profondeur de feux disponible sans attendre systématiquement un renfort.
Le dossier comporte un volet industriel clair : la localisation annoncée représente « des dizaines de millions d’euros » d’investissements directs en Estonie. Elle doit soutenir maintenance, pièces et, potentiellement, des opérations d’assemblage, gages de résilience en cas de crise. Les paramètres techniques et contractuels seront traités entre l’ECDI (Estonian Centre for Defence Investments), l’agence coréenne d’export et le fabricant, avec des accords-cadres en ligne de mire. Cette coopération s’inscrit dans une relation déjà active autour des 36 automoteurs K9 attendus d’ici fin 2026. En bref, plus d’allonge, plus de stocks, et une base industrielle locale mieux armée pour durer.
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