Au salon DSEI de Londres, qui se déroule du 9 au 12 septembre 2025, MBDA présente plusieurs nouveautés avec une idée simple : fournir plus de puissance de feu, plus vite et pour moins cher. L’objectif n’est pas de battre des records, mais d’équiper rapidement les forces avec des systèmes fiables et faciles à produire en Europe. Petit tour d’horizon des nouveautés du missilier européen.
Crossbow OWE (Heavy) : frapper loin, à coût maîtrisé

Vedette du stand MBDA, « Crossbow » est un drone-munition lourd. On parle d’« effecteur à sens unique » (One Way Effector) : il part en mission et ne revient pas. Long d’environ 5,3 mètres pour 750 kg, il peut emporter jusqu’à 300 kg de charge (explosive ou non) et atteindre plus de 800 km à vitesse subsonique. Sa cible : des sites fixes de grande valeur (dépôts de munitions, postes de commandement, radars).
Son point fort : il sait naviguer sans GPS si celui-ci est brouillé. Il combine inertie, un GPS durci, un capteur final et surtout une navigation par image aidée par intelligence artificielle (IA). Le lancement se fait depuis un conteneur standard de 20 pieds posé sur un camion. Pour produire vite, MBDA utilise des pièces « sur étagère » (civiles et militaires) et un réseau de PME en Europe. Une démo est visée fin 2025 et une production de série à partir du 2ᵉ trimestre 2026, si un client se décide.
SL ASRAAM : une petite bulle anti-aérienne mobile
MBDA décline maintenant le missile ASRAAM en version sol-sol (SL ASRAAM1) pour protéger une base, un convoi militaire ou un site sensible. Atout principal : le tir fire-and-forget. On tire, le missile se guide tout seul jusqu’à la cible grâce à son chercheur, et l’équipage peut se mettre à l’abri. Le système reste passif, donc discret sur le plan électromagnétique.

Le lanceur peut être installé sur plusieurs types de véhicules (roues, chenilles, poste fixe, voire robot). La logistique est légère : un camion suffit à l’opérer. Autre intérêt, mutualiser les stocks avec l’aviation, puisque c’est la même famille de missile.
Akeron MBT 120 : redonner l’initiative aux chars

Sur le champ de bataille, beaucoup de tirs se font sans visibilité directe et à courte distance. L’Akeron MBT 120 répond à ce besoin. C’est une munition d’environ 20 kg, longue d’un mètre, qui se loge dans les rangements existants du char. Pas besoin de modifier l’engin. Le rechargement se fait sous blindage, à l’abri des regards.
Le guidage est électro-optique passif : il n’émet pas de signal, ce qui évite de se faire repérer et déjoue les protections au laser. L’attaque par le haut vise les zones moins blindées. Après le tir, le char peut décrocher immédiatement (« shoot and scoot »). Résultat attendu : plus de chances de toucher, moins de risques de riposte, moins de dépendance à l’artillerie.
Spear Glide : multiplier les coups à moindre coût
« Spear Glide » est une version planante de la munition Spear. En retirant le moteur et en adoptant un capteur électro-optique/IR, MBDA baisse le prix et simplifie l’intégration. Portée indicative : 80 à 100 km. On peut en accrocher trois ou quatre par point d’emport, ce qui permet de saturer une défense. La munition vise les avions de 4ᵉ génération (Typhoon, Gripen, KF-21). MBDA estime qu’elle pourrait être mise en service 30 à 36 mois après commande.

FC/ASW : la relève des missiles de croisière
Dernier volet : le programme FC/ASW2 mené par la France et le Royaume-Uni (avec l’Italie plus tard). MBDA a montré pour la première fois la forme réelle de l’un des deux nouveaux missiles : un missile de croisière furtif à vitesse modérée, complémentaire d’un missile supersonique.

L’idée est d’avoir deux armes qui se complètent pour s’adapter à des défenses variées. Elles pourront être tirées depuis des avions ou des navires, et peut-être depuis la terre par la suite. Ambition partagée : une entrée en service au début des années 2030 pour remplacer SCALP-EG/Storm Shadow, Exocet et Harpoon, dans le cadre de la coopération de défense franco-britannique relancée avec le Lancaster House 2.0 en juillet dernier.
Le fil rouge de ces annonces : produire en Europe, en volume, à coût maîtrisé, sans perdre en efficacité. Dans un contexte de guerre de haute intensité, c’est cette capacité à équiper vite qui pourrait faire la différence. Prochaine étape : transformer l’intérêt en contrats, puis en cadences de production.