OpexNews
  • ACCUEIL
  • À PROPOS
  • NOUS CONTACTER
OpexNews

Tapez et appuyez sur Entrée pour effectuer la recherche

OpexNews
  • ACCUEIL
  • À PROPOS
  • NOUS CONTACTER
OpexNews

Tapez et appuyez sur Entrée pour effectuer la recherche

Actualités

Airbus avertit que le programme SCAF « n’aura aucune chance de réussir » sans issue politique

Pierre SAUVETON
25 juin 2025 4 Mins de lecture

Le Système de Combat Aérien du Futur (SCAF), symbole annoncé de la souveraineté technologique européenne, s’enfonce dans l’impasse. En avril, Éric Trappier, le PDG de Dassault Aviation, avait déjà tiré la sonnette d’alarme devant les députés français, dénonçant une gouvernance paralysée et une coopération à bout de souffle. Deux mois plus tard, c’est au tour d’Airbus de faire entendre son inquiétude.

Michael Schoellhorn, PDG d’Airbus Defence and Space, a affirmé sans détour que le programme « n’aura aucune chance de réussir » sans accord politique et industriel d’ici la fin de l’année. Jean-Brice Dumont, le patron du segment Air Power, a, lui aussi, reconnu de « réelles difficultés dans l’exécution » de la phase actuelle. L’un comme l’autre demandent une reprise en main. En clair : l’heure n’est plus aux ajustements, mais aux décisions.

Une phase critique en panne de méthode

La phase 1B, en cours, devait permettre d’avancer vers une architecture stabilisée du futur système de combat. Cependant, les frictions entre les deux industriels majeurs persistent. Jean-Brice Dumont a reconnu que les équipes rencontraient « des difficultés dans l’exécution ». Il a expliqué lors d’un point presse que les partenaires adoptaient « des approches différentes » face aux problèmes techniques. En réponse, Airbus propose désormais de revoir les méthodes de travail, afin de tenir les objectifs fixés par les États.

Ce constat va au-delà de simples divergences de calendrier. Dumont insiste : « Nous devons accélérer. C’est un des principes fondamentaux du programme. » Il ajoute que la connectivité et l’interopérabilité restent aujourd’hui les principaux points de blocage. Or, ces éléments sont justement les piliers du concept du SCAF : faire fonctionner ensemble avions pilotés, drones et cloud de combat.

Dassault tire la sonnette d’alarme dès avril

Si Dassault est resté discret lors du Bourget, son PDG Éric Trappier avait pris la parole deux mois plus tôt. Lors de son audition à l’Assemblée nationale, le 9 avril, il avait mis en lumière les limites du partenariat actuel. Selon lui, Dassault ne détient qu’un tiers des responsabilités industrielles, tandis qu’Airbus Allemagne et Espagne cumulent les deux tiers restants. Pourtant, Dassault reste présenté comme « maître d’œuvre » du futur chasseur.

Trappier dénonce une gouvernance déséquilibrée. Il critique le recours au retour géographique, un mécanisme qui répartit les tâches selon la nationalité des industriels plutôt qu’en fonction de leur expertise. Il considère que cette logique étouffe la dynamique du programme. « Nous passons notre temps à négocier, tranche après tranche, au lieu de construire », a-t-il regretté.

L’exemple du nEUROn : un modèle oublié

Pour illustrer ce qui fonctionne, Trappier a cité l’exemple du drone de combat furtif nEUROn. Ce programme, piloté par la France avec le soutien de cinq pays européens, a livré un démonstrateur performant dans un budget restreint. La clé du succès ? Une répartition claire des rôles, fondée sur les compétences et non sur des quotas.

Selon lui, la Direction générale de l’armement (DGA) avait alors pris le leadership politique et confié à Dassault le rôle de maître d’œuvre, reconnu par tous. Le projet avait ainsi évité les pièges d’une gouvernance à plusieurs têtes. Trappier regrette que cette logique n’ait pas été reconduite dans le cadre du SCAF.

Un silence révélateur au Salon du Bourget

Contrairement aux éditions précédentes, aucun moment fort n’a été organisé autour du SCAF cette année au Bourget. La maquette du chasseur de nouvelle génération, qui dominait le stand de Dassault en 2023, a été reléguée à l’arrière-plan. Un nouveau système autonome a pris la place centrale. Ce choix scénographique traduit un certain recul du programme dans les priorités affichées.

Pourtant, Airbus continue d’affirmer son engagement. Jean-Brice Dumont a même exclu tout rapprochement avec le programme concurrent GCAP, mené par le Royaume-Uni, l’Italie et le Japon. Il a précisé que l’enjeu n’était pas de revenir vers BAE Systems, mais de faire fonctionner la coopération actuelle. Il souligne toutefois que les partenaires doivent « passer d’un statut de concurrents à celui de partenaires mariés ». L’expression n’est pas anodine : elle révèle l’effort culturel encore nécessaire pour faire converger les visions.

La phase 2 du SCAF sous haute tension

Prévue pour 2026, la phase 2 du programme doit marquer une bascule. Elle permettra de lancer le développement des démonstrateurs, en particulier le chasseur NGF et ses drones accompagnateurs, appelés Remote Carriers. Cette étape inclura également des tests en vol et la démonstration des principes du NGWS (Next-Generation Weapon System), c’est-à-dire l’interconnexion de toutes les plateformes dans un réseau opérationnel cohérent.

Cependant, cette avancée ne sera possible qu’à deux conditions : un accord clair sur la gouvernance industrielle, et une validation technique partagée de l’architecture globale. À ce jour, aucune de ces deux conditions n’est remplie. Jean-Brice Dumont a d’ailleurs refusé de confirmer si la conception finale du chasseur avait été validée, alors que celle-ci était attendue au printemps.

Une décision politique incontournable

Le SCAF n’est pas un simple programme technologique. Il reflète la capacité – ou l’incapacité – de l’Europe à produire ensemble des systèmes de souveraineté. L’écart avec les États-Unis se creuse, le GCAP progresse à rythme soutenu, et les attentes opérationnelles des armées européennes restent inchangées.

Michael Schoellhorn l’a exprimé avec justesse dans les colonnes du Financial Times : « Si une entreprise affirme qu’elle a besoin de bien plus d’un tiers du travail pour être leader, alors nous allons rencontrer de sérieux problèmes. » En effet, ces problèmes sont déjà là. Ils ne relèvent plus de la technique, mais de la décision politique.

Pour que le SCAF survive, il faut sortir des faux-semblants et trancher. Soit les États rétablissent un pilotage clair et assumé. Soit chacun reprendra sa route. Mais le statu quo, lui, n’a aucune chance de réussir.

Tags:

AirbusAirbus AllemagneAirbus Defence & SpaceAirbus EspagneAllemagnearméeBITDDassault AviationEric TrappierEuropeFranceMichael SchoellhornmilitaireParis Air ShowSalon du BourgetSalon du Bourget 2025SCAFSystème de Combat Aérien du Futur

Partager l'article

Les articles récents

france réarmement otan pib
Selon une étude de la Caisse des Dépôts, la France n’est pas prête pour un réarmement à 5 % du PIB
Pierre SAUVETON
SCAF
Airbus avertit que le programme SCAF « n’aura aucune chance de réussir » sans issue politique
Pierre SAUVETON
rapidfire terre knds thales
KNDS et Thales déploient le RAPIDFire Terre pour la lutte anti-drones
Pierre SAUVETON
Hynaero Fregate F-100
Hynaero mise sur le Frégate-F100 pour révolutionner la lutte contre les incendies
Pierre SAUVETON
très haute altitude
Très haute altitude (THA) : Mirage et Rafale valident la capacité française d’interception
Pierre SAUVETON

Nous contacter

À propos

Catégories
Actualités 50
Critiques 4
Focus 32
Interviews 17
Reportages 1
OpexNews

Comprendre et faire vivre les enjeux de défense, de la BITD et du renseignement.

OPEXNEWS © 2025. Tous droits réservés