Un pays de l’OTAN vient d’acheter des munitions rôdeuses comme on achète des obus : par centaines. Le contrat, attribué à Rheinmetall pour la famille HERO, met en lumière un changement de culture opérationnelle autant qu’un choix industriel. Les premières livraisons sont prévues début 2026, les dernières avant la fin de la même année, depuis le site de RWM Italia (filiale de Rheinmetall), en coopération avec l’israélien UVision.
La commande couvre trois modèles de la famille HERO. Le 30, léger et portable, accompagne les sections d’infanterie et permet de traiter capteurs, positions retranchées ou véhicules légers à une dizaine de kilomètres. Le 120, avec une charge plus importante et une portée étendue, cible clairement les blindés et les postes sensibles. Le 400, plus lourd et plus endurant, ouvre la voie à des frappes en profondeur contre radars, centres de commandement ou dépôts situés parfois à plus de 100 km. Tous ont en commun un lancement discret, une propulsion électrique et surtout une conduite « man-in-the-loop » qui laisse à l’opérateur la possibilité d’ajuster la trajectoire ou de renoncer à la frappe jusqu’au dernier instant.
Sur le plan opérationnel, ces munitions comblent l’espace entre l’artillerie légère et l’appui aérien, en donnant aux échelons tactiques la capacité de surveiller une zone, d’attendre l’opportunité, puis de frapper sans exposer directement les unités. Chaque tir produit aussi des images et des données qui alimentent les réseaux de commandement. Industriellement et géopolitiquement, cette montée en puissance d’une ligne de production en Italie acte deux réalités : l’Europe veut sécuriser ses propres capacités dans le drone d’attaque, et l’OTAN se prépare à des conflits de longue durée où l’on comptera les munitions rôdeuses par volumes, pas par exemplaires.
Image © UVision