Olympic Defender : Paris et Washington testent une manœuvre coordonnée de satellites en orbite géostationnaire
Les satellites sont indispensables : communications, navigation, renseignement, synchronisation des opérations, mais aussi services civils critiques. Cette dépendance structurelle explique pourquoi les ministères des Armées, partout dans le monde, parlent de plus en plus explicitement d’un espace « de plus en plus contesté » et de la nécessité d’y gagner en résilience.
Dans ce contexte, le Commandement de l’Espace (CDE) a annoncé un exercice mené avec les États-Unis : une opération de « rendez-vous et proximité » (RPO) conduite dans le cadre d’« Olympic Defender », le dispositif multinational piloté par l’US Space Command. Une RPO consiste à faire manœuvrer deux satellites à faible distance l’un de l’autre, selon une planification précise, avec des ajustements orbitaux coordonnés.
Sur le plan opérationnel, l’intérêt est multiple. Une manœuvre de proximité peut servir à inspecter un satellite, à qualifier des procédures, à affiner la connaissance de la situation spatiale (SSA), ou à démontrer une capacité de réaction. Elle reste toutefois ambivalente : approcher un engin stratégique en géostationnaire (GEO) peut relever du « voisinage »… ou être perçu comme une posture intrusive. D’où le cadrage récurrent sur des opérations « dynamiques » et « responsables » : afficher une maîtrise, sans détailler les paramètres tactiques.
L’ombre des « butineurs » russes en géostationnaire
Selon des observations de COMSPOC, l’exercice aurait impliqué SYRACUSE 3A côté français et USA 324, un satellite américain du programme GSSAP (Geosynchronous Space Situational Awareness Program). Trois séquences de manœuvres auraient été conduites (11-14 novembre, 22-23 novembre, 28-29 novembre), avec un rapprochement minimal d’environ 25 km. L’entreprise indique que SYRACUSE 3A a « mené » les changements d’orbite, USA 324 « suivant » avec un décalage d’environ une journée.
L’arrière-plan, lui, s’est durci. Les démonstrations par « tir antisatellite » (ASAT) ont marqué les esprits : destruction du satellite chinois FY-1C en 2007, destruction du satellite russe Cosmos 1408 en novembre 2021, ou test indien de 2019 mené à plus basse altitude. Les États-Unis avaient aussi détruit USA-193 en 2008, officiellement pour des raisons de sécurité. À côté de ces tirs, l’autre signal d’alerte vient des approches en orbite géostationnaire (altitude de 35 700 km) : la Russie est régulièrement associée à des satellites « inspecteurs » ou « butineurs », dont Luch-Olymp 2, repéré à proximité d’autres satellites notamment européens.
Image © US Space Command