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« Le drone est une excellente arme de propagande » déclare le général Thierry Burkhard

Pierre SAUVETON
17 juillet 2025 3 Mins de lecture

L’emploi des drones dans les conflits récents n’est plus un phénomène émergent. En Ukraine, leur usage est devenu systémique, structurant à la fois les modes d’action militaires et les représentations publiques du combat. Ce double usage – tactique et médiatique – fait désormais partie intégrante de la guerre moderne. Dans une interview accordée au Point, le général Thierry Burkhard, chef d’état-major des Armées, estime que « le drone est une excellente arme de propagande ».

Quand le garage remplace l’usine

Ce constat intervient alors que la France tente de combler son retard capacitaire. En 2023, le ministre des Armées Sébastien Lecornu reconnaissait que le pays avait « failli » dans ce domaine. Un an plus tard, les efforts sont engagés, mais la dynamique ukrainienne reste sans équivalent. En 2024, Kyiv a produit plus de deux millions de drones FPV, assemblés pour beaucoup dans des ateliers civils ou semi-industriels.

Sur le terrain, les drones offrent des avantages opérationnels difficilement égalés à coût équivalent. Moins chers qu’un obus de 155 mm, ils permettent des frappes de précision, une observation permanente et une capacité d’interdiction aérienne locale. Dans la guerre d’attrition menée en Ukraine, ils compensent souvent le manque d’artillerie, de missiles guidés ou antichars.

La simplicité de leur fabrication favorise une production décentralisée, résiliente face aux frappes ennemies. À l’opposé des chaînes lourdes de l’industrie d’armement, un drone peut sortir d’un garage, équipé de composants civils largement disponibles. « C’est beaucoup moins vulnérable qu’une usine d’obus », souligne le général Burkhard.

Derrière les vidéos, une efficacité à relativiser

Mais la montée en puissance des drones s’accompagne d’un biais : leur surexposition. Les réseaux sociaux regorgent de vidéos de frappes spectaculaires. Or, ce que ces images montrent est incomplet : elles ne disent rien des échecs, des pertes, des cibles ratées ou des drones neutralisés. Cette sélection visuelle crée une illusion d’efficacité permanente, renforcée par la viralité des contenus.

Pour les armées, l’enjeu n’est pas seulement technique, il est aussi narratif. Samuel Bendett, analyste au Center for Naval Analyses, rappelle que « ce que l’on voit sur Twitter ou TikTok n’est qu’une petite partie du champ de bataille ». Pourtant, cette partie influence largement l’opinion publique, y compris à l’international. La guerre devient aussi affaire d’image, de récit, de perception maîtrisée.

Pour le général Burkhard, la réponse française doit reposer sur une stratégie duale. D’un côté, poursuivre les programmes structurants et coûteux (frégates, artillerie, avions de combat) ; de l’autre, investir dans des moyens plus simples, bon marché, consommables en masse. Les drones appartiennent à cette deuxième catégorie, celle des « armes d’usure » ou de saturation.

L’armée de Terre adapte sa doctrine face à la révolution des drones

La logique de masse devient ici déterminante. Elle suppose une adaptation des circuits d’acquisition, une relation plus agile entre industriels et armées, et une tolérance accrue à l’expérimentation rapide. L’expérience ukrainienne montre que l’agilité technologique peut, dans certains cas, compenser une infériorité industrielle ou logistique.

Malgré leurs apports, les drones ne remplacent pas les capacités classiques. Leur faible autonomie, leur vulnérabilité aux moyens de guerre électronique, et la difficulté à viser certains objectifs les rendent complémentaires, non substituables. Certains modèles avancés, comme les drones à fibre optique, nécessitent une technicité élevée et restent peu répandus.

La France ne se contente plus de tirer des leçons du front ukrainien. Elle amorce, elle aussi, une transformation en profondeur. Pour le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre, les drones ne constituent pas seulement un nouvel équipement, mais le levier d’un changement doctrinal majeur. Des unités sont réorganisées autour de leur emploi, des télépilotes sont formés dès l’échelon tactique, et des drones imprimés en 3D sont assemblés directement par les soldats. « La question n’est pas tant le drone que la capacité à employer les drones », résume-t-il. Derrière cette révolution silencieuse se dessine un nouveau modèle opérationnel, fondé sur la réactivité, la diffusion de l’innovation et l’intégration du combat robotisé dans toutes ses dimensions.

Photo © 21e RIMa

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arméedéfensedésinformationdroneguerreguerre informationnelleinnovationmilitairepropagandeRussietechnologieThierry BurkhardUkraine

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