Thales UK et Schiebel préparent l’armement du drone Peregrine de la Royal Navy avec le missile Martlet
Depuis février 2025, le drone Peregrine opère à bord de la frégate HMS Lancaster dans le golfe Persique. Développé par Thales UK et l’autrichien Schiebel, ce système à voilure tournante marque une nouvelle étape dans la modernisation de la Royal Navy. Conçu pour les missions de renseignement, surveillance et reconnaissance (ISR), le Peregrine incarne une approche pragmatique, immédiatement déployable, tout en étant évolutive.
Une plateforme ISR évolutive en voie d’armement
Le drone repose sur le Camcopter S-100 (Schiebel) et embarque le radar I-Master (Thales), une caméra électro-optique/infrarouge, un récepteur AIS, et le système de mission AIMS-ISR. Les opérateurs exploitent en temps réel les données directement intégrées au système de combat du navire. En tandem avec l’hélicoptère Wildcat HMA2, le système améliore significativement la détection et le suivi des cibles en mer.
La Royal Navy a lancé le programme Peregrine en 2023, dans le cadre d’un besoin capacitaire urgent. Elle a investi environ 23 millions d’euros pour équiper ses frégates de type 23. Ce choix s’inscrit dans la stratégie Maritime Aviation Transformation Strategy (MATX), qui vise à accroître l’usage de drones embarqués. À la différence du Système de drone aérien pour la Marine (SDAM) français, plus lourd, la Royal Navy mise sur une plateforme légère et immédiatement opérationnelle.
Selon Flight Global, Thales et Schiebel prévoient maintenant d’armer le drone avec le missile Martlet. Le système pourra emporter deux missiles dans sa version actuelle, et jusqu’à dix sur la future plateforme S-300. Les industriels préparent une première campagne de tir guidé pour 2026.
Martlet : du Wildcat au drone Peregrine, un missile pensé pour la polyvalence
Ce développement intervient peu après un contrat majeur : en juillet 2024, le ministère britannique de la Défense a commandé pour 203 millions d’euros de missiles Martlet à Thales UK. Cette commande vise à renforcer les capacités de défense aérienne courte portée des forces armées britanniques. Elle soutient également l’emploi au Royaume-Uni, avec 135 postes maintenus sur le site de Thales à Belfast.

Le Martlet, ou LMM (Lightweight Multirole Missile), pèse 13 kg et atteint Mach 1,5. Thales a conçu ce missile pour fonctionner depuis différents vecteurs, comme le Wildcat, le Watchkeeper, le drone Jackal ou le Camcopter. Il combine légèreté, précision et polyvalence, grâce à ses multiples modes de guidage (laser, infrarouge, GPS/INS).
Thales étudie aussi d’autres scénarios d’emploi pour le Peregrine : guerre anti-sous-marine via relais sonar, lutte contre les mines avec LIDAR, ou missions logistiques. À bord du Lancaster, l’équipage pilote le drone depuis le poste de commandement, mais Thales travaille à intégrer les flux capteurs dans le cockpit du Wildcat et, à terme, à permettre son contrôle direct.
Alors que la frégate Lancaster approche de la fin de son service actif, la Royal Navy envisage de prolonger le programme Peregrine sur un autre bâtiment. Elle vise ainsi à capitaliser sur l’expérience acquise, et à ancrer durablement cette capacité modulaire, connectée et prête à évoluer.
Photo © Royal Navy