Daher entre dans la course au drone MALE avec le EyePulse
Daher vient de cocher une case importante dans le dossier drone MALE français. En moins de six mois, l’industriel a fait voler EyePulse, un TBM transformé en drone de moyenne altitude longue endurance (MALE), devant la Direction générale de l’armement (DGA). Décollage, vol automatisé, atterrissage autonome : la démonstration à Tarbes montre qu’un avion existant peut devenir rapidement une plateforme souveraine de surveillance et, demain, d’appui aux opérations.
Transformer un TBM en drone MALE opérationnel
La recette d’EyePulse reste simple dans son principe : Daher part d’un avion qu’il maîtrise déjà et lui « enlève le cockpit ». Le TBM sert de base à un démonstrateur. Les équipes y intègrent le système de pilotage à distance ScaleFlyt de Thales, la station sol et la liaison de données de commandement et de contrôle.
Lors de la démonstration, la DGA a déclenché depuis le sol une séquence de vol entièrement automatisée. L’appareil a volé en mode automatique et gèré seul son atterrissage, ce qui marque un jalon clé pour un futur emploi opérationnel.

Côté performances, EyePulse se place dans le cœur de cible des besoins actuels : une autonomie annoncée entre 12 et 24 heures selon la charge utile, environ 500 kg d’emport et un plafond de plus de 30 000 pieds. Le drone peut assurer des missions de renseignement, de surveillance de zones étendues ou de sécurisation de frontières, avec la possibilité d’embarquer, à terme, des capteurs ou des armements supplémentaires.
Tarbes, nouvelle usine à drones ?
L’intérêt de ce démonstrateur dépasse la seule prouesse technique. Depuis plus de dix ans, les armées françaises cherchent une solution MALE souveraine, tout en s’appuyant sur les drones Reaper américains et en attendant un Eurodrone en retard de calendrier. EyePulse propose une autre logique : aller vite, à coût maîtrisé, en capitalisant sur une plateforme certifiée et déjà produite en série.
Daher produit déjà entre 50 et 60 TBM par an à Tarbes. L’industriel estime qu’il peut, en réorganisant ses lignes d’assemblage, dégager d’ici 2028 une capacité de 10 à 40 drones par an, tout en transférant une partie de la production d’avions vers son futur site américain.
Entre EyePulse, ENBATA et Aarok, l’État devra trancher
Pour la DGA, EyePulse offre une option pragmatique : un système qui repose sur des technologies déjà éprouvées, colle à des doctrines d’emploi en évolution et peut monter en cadence rapidement si l’État décide de lancer une série. Pour Daher, ce programme change la donne : l’avionneur et logisticien de défense revendique désormais un rôle d’architecte de système d’armes.
La suite dépendra des arbitrages de l’État entre les différents projets MALE soutenus : du démonstrateur « dronisé » de Daher au drone natif ENBATA d’Aura Aero, en passant par l’Aarok de Turgis & Gaillard et son positionnement ITAR-free. Une chose, en revanche, se précise : avec EyePulse, Tarbes ne se limite plus à l’aviation générale et s’impose comme un candidat crédible pour devenir l’un des piliers de la souveraineté française en matière de drones.
Photo © Daher