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Critiques

« Chefs de guerre au combat » de Pierre Santoni : héritage historique à l’épreuve des nouvelles guerres

Pierre SAUVETON
10 mai 2025 5 Mins Read
Pierre Santoni Chefs de guerre au combat

Alors que les conflits contemporains s’intensifient, la nécessité de former des chefs militaires capables de prendre des décisions rapides et pertinentes devient un impératif stratégique. Dans son ouvrage intitulé « Chefs de guerre au combat. Se préparer à la bataille au XXIe siècle. » (Éditions Pierre de Taillac), le colonel Pierre Santoni, commandant de l’École d’état-major à Saumur, rappelle que la guerre est une responsabilité collective, dépassant largement le cadre strictement militaire : « L’armée ne fait pas la guerre. Elle conduit des batailles, organise l’enrôlement et l’encadrement des citoyens […] mais c’est la nation, le peuple, la communauté qui fait la guerre. » Le rôle du chef tactique prend alors toute sa dimension, non seulement comme un stratège militaire, mais comme le point de convergence entre l’art de la guerre et la volonté collective.

Le livre du colonel Pierre Santoni constitue ainsi une référence incontournable, richement nourrie de références historiques et littéraires. Accessible même aux non-experts, il offre une plongée captivante dans la réalité complexe du commandement militaire. Pierre Santoni convoque les grands chefs tactiques de l’histoire, de Napoléon à Leclerc, en passant par Joffre et Foch, pour mieux éclairer les défis du commandement d’aujourd’hui. À l’heure où le paysage géopolitique mondial se redessine brutalement, cet ouvrage pertinent se révèle essentiel tant pour les militaires d’active en quête de repères opérationnels que pour tout lecteur désireux de comprendre les ressorts profonds du leadership militaire. Un livre à lire absolument !

Former les jeunes chefs : l’homme comme premier instrument du combat

Le colonel Santoni insiste sur une vérité intemporelle, inspirée par le colonel Ardant du Picq : « L’homme reste le premier instrument du combat ». Préparer les jeunes chefs militaires au choc du combat réel – physique, psychologique et émotionnel – est donc fondamental. « Préparer les chefs pour commander dans la bataille, c’est d’abord préparer les plus jeunes au premier combat, celui du sergent ou du lieutenant, où l’usage direct de la violence se fait souvent à la voix », précise-t-il. Cette formation, qui inclut des entraînements physiques et tactiques, doit être vécue collectivement afin que chacun assimile pleinement les réalités concrètes du champ de bataille.

L’exemple récent de la guerre en Ukraine montre combien ces réalités, souvent brutales, restent actuelles. Tranchées, carcasses de véhicules blindés, soldats exposés aux tirs d’artillerie rappellent les images des guerres du siècle précédent. Aujourd’hui encore, la rusticité, l’improvisation et la résilience sont indispensables à la préparation opérationnelle.

Dans les conflits contemporains, les chefs doivent faire preuve d’une grande agilité décisionnelle. Le général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre, insiste sur l’importance du commandement par l’intention, une méthode qui valorise l’initiative et la responsabilité à tous les niveaux de la hiérarchie militaire. « Le tacticien conduit l’armée sur le champ de bataille, mais c’est la nation qui fait la guerre dans les espaces stratégiques. La croyance en une martingale tactique qui réglerait tout se paie cher », affirme Pierre Santoni dans son livre en préconisant une formation des cadres centrée sur cette approche intuitive et dynamique, capable de réagir efficacement aux imprévus, nombreux dans les guerres modernes.

Tactique et technologie : une alliance indispensable

Si les innovations technologiques – drones, guerre électronique, systèmes d’information avancés – transforment profondément le champ de bataille, elles ne dispensent pas les chefs militaires d’une réflexion tactique solide. « La formation tactique ne peut se substituer à une absence de stratégie ou à une mauvaise stratégie », rappelle le colonel Santoni. L’histoire militaire, les exercices de simulation et les wargames restent donc essentiels pour nourrir cette réflexion tactique et stratégique.

Le défi contemporain est ainsi celui de l’équilibre : intégrer les technologies sans perdre la capacité d’initiative et de discernement stratégique face à une masse souvent écrasante d’informations. Le général Schill met en garde contre la surcharge cognitive et insiste sur l’importance de trier rapidement les données pertinentes pour conserver la maîtrise opérationnelle.

Le rôle crucial des états-majors : accélérer la prise de décision

Une des difficultés majeures des états-majors opérationnels modernes réside dans leur lenteur décisionnelle. Les circuits administratifs complexes, alourdis par des procédures longues et bureaucratiques, freinent leur réactivité. Pierre Santoni dénonce cette inertie : « Les états-majors sont empêtrés dans des circuits très longs de comptes rendus, de boîtes mail, de PowerPoint, de Battle Rhythm, ce qui ralentit le cycle de décision pourtant crucial pour le soldat sur le terrain ».

Il appelle à une réorganisation profonde, plus agile et plus adaptée aux conditions actuelles. Une approche « reach back », avec des postes de commandement physiquement éloignés mais capables de fournir rapidement des ordres précis, pourrait représenter une réponse efficace à ces défis.

Repensez la structure tactique des unités de combat

La nature actuelle des conflits impose également une réflexion sur la taille et la mobilité des unités engagées. Selon Pierre Santoni, des unités tactiques plus petites, plus nombreuses et mieux intégrées technologiquement pourraient offrir davantage de flexibilité opérationnelle. « Des unités proches de la forme régimentaire à plusieurs petits bataillons seraient plus réalistes à créer et plus souples à employer et à commander. Elles pourraient être plus rapides à mettre en place, plus manœuvrières et surtout plus discrètes », explique-t-il.

Ces unités, combinant mobilité, puissance de feu et discrétion, permettraient d’échapper aux armes modernes, notamment à l’artillerie et aux frappes de précision, préservant ainsi la capacité de manœuvre essentielle aux succès tactiques contemporains.

Le chef tactique face aux défis modernes

Malgré les conflits incessants et la violence politique accrue, la figure emblématique du chef tactique semble aujourd’hui marginalisée. Confronté à une bureaucratisation croissante et à une judiciarisation des actes militaires, ce chef historique semble souvent réduit à un rôle contraint. « Le temps des Alexandre, César, Napoléon, Leclerc et autres Patton appartient-il à un passé à jamais révolu ? » s’interroge le colonel Santoni.

Pourtant, comme le général de Gaulle l’affirmait dans son livre « Vers l’armée de métier » : « Si un seul pays dans le monde a besoin de tacticiens, c’est bien la France, car ils sont in fine son unique recours ». Du sergent au général, chaque chef doit accepter la lourde responsabilité d’emmener ses soldats dans un univers marqué par le chaos, la violence et la mort. Seule une préparation rigoureuse et exhaustive, nourrie par l’histoire, la réflexion tactique et l’entraînement opérationnel, leur permettra de vaincre et d’assumer cette charge immense.

Tant qu’il y aura des hommes, il y aura besoin de chefs de guerre pour guider la France sur le champ de bataille.

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