Bouclier d’Achille : la Grèce mise 3,5 Md€ sur des systèmes israéliens pour son dôme de protection aérienne
La Grèce engage un tournant majeur avec le « Bouclier d’Achille » (Achille’s Shield), un programme d’environ 3,5 milliards de dollars centré, dès l’origine, sur des solutions israéliennes. D’abord, l’objectif est de remplacer un patchwork de systèmes russes et américains vieillissants par une défense aérienne intégrée, mobile et interopérable OTAN. Ensuite, Athènes entend accélérer pour répondre à la prolifération des drones, aux missiles de croisière et aux vecteurs balistiques qui saturent l’espace aérien au-dessus de la mer Égée. Enfin, la relance des négociations illustre un rapprochement stratégique avec Israël, autant industriel qu’opérationnel.
Un « Bouclier d’Achille » en trois couches
Concrètement, selon Greek City Times, la future architecture repose sur trois piliers complémentaires. D’une part, le Barak MX d’Israel Aerospace Industries (IAI) constitue la couche moyenne : il s’agit d’un système « piloté par logiciel », modulaire, capable d’aligner plusieurs intercepteurs (courte, moyenne et longue portée) depuis un même lanceur, tout en suivant et engageant simultanément de multiples cibles. En pratique, il doit succéder aux HAWK et offrir une couverture flexible contre avions, hélicoptères, missiles de croisière et munitions guidées.
D’autre part, le SkyCeptor – variante export du missile Stunner utilisé au sein de la fronde de David (Rafael, en coopération avec Raytheon) – formerait l’étage supérieur : conçu pour intercepter des menaces rapides, y compris balistiques, il vise la relève des S-300 et apporte une réponse plus économique que certaines alternatives occidentales. Enfin, le SPYDER de Rafael, qui combine intercepteurs Python et Derby, incarne la base de l’édifice : système court rayon, très réactif et mobile, il protège les points sensibles et les forces en manœuvre face aux drones, aux aéronefs à basse altitude et aux cibles surgissantes.
Par ailleurs, les Patriot resteront en service et s’intégreront à cette matrice, afin d’éviter tout trou capacitaire durant la transition. En outre, l’effort s’inscrit dans un plan d’armement sur douze ans, avec des premières mises en place attendues à partir de 2026 en Thrace et dans les îles de l’est de l’Égée. Ainsi, l’échelonnement par zones critiques permettra d’absorber les risques industriels et logistiques. Au-delà de la technique, l’enjeu est double. D’une part, sortir des dépendances russes devenues coûteuses et difficiles à soutenir ; d’autre part, ancrer la Grèce dans une chaîne d’approvisionnement occidentale, plus résiliente et « combat-proven ». Dès lors, si le Parlement valide l’enveloppe et si les cadences sont tenues, le « Bouclier d’Achille » deviendra, à terme, le pivot de la défense aérienne grecque pour la prochaine décennie.
Photo SPYDER © Singapore Air Force