Le 29 novembre 2025, au large de Sinop sur la mer Noire, la Turquie a coché une case symbolique dans l’histoire du combat aérien. Le drone de combat Bayraktar Kizilelma, premier « chasseur » sans pilote turc, a détruit un drone-cible avec un missile air-air longue portée Gökdoğan. Baykar présente ce tir comme une première mondiale : un drone abattant une cible avec un missile BVR, tiré au-delà de la portée visuelle.
Pour ce test, les équipes lancent un avion-cible à grande vitesse depuis la zone de tir de Sinop. Le radar AESA MURAD d’Aselsan, intégré au Kizilelma, repère puis suit la cible. Une fois l’objectif « accroché », le drone déclenche un Gökdoğan emporté sous voilure. Le missile, développé par TÜBİTAK SAGE, vient percuter la cible avec précision. Baykar souligne qu’un avion, un radar et un missile tous trois développés en Turquie bouclent ainsi, pour la première fois, une interception air-air complète. Une formation de F-16 accompagne le scénario, tandis qu’un drone Akinci filme la scène : démonstration en conditions réelles du futur combat collaboratif entre avions habités et drones.

Kizilelma s’inscrit dans une montée en puissance progressive. Le drone embarque déjà le système optronique TOYGUN, une liaison de données sécurisée T-Link et une panoplie de munitions développées en Turquie, des bombes guidées aux missiles. Baykar résume son concept en une formule : « voir sans être vu, frapper sans être touché », grâce à une faible signature radar et à des capteurs avancés.
Sur le plan stratégique, Ankara envoie un double signal. La Turquie veut prendre sa place dans la course mondiale aux « loyal wingman », ces drones qui épaulent les avions de combat. Et elle entend le faire en s’appuyant sur une base industrielle largement nationale, au moment où Baykar revendique le statut de champion mondial de l’export de drones.
Photo © Baykar