Ce n’est pas un nouveau missile que Leonardo met en avant, mais l’outil qui doit permettre à tous les autres de travailler ensemble. Avec son projet Michelangelo Dome, le groupe italien présente un système de défense aérienne centré sur le logiciel : une brique d’IA chargée de connecter radars, batteries sol-air, drones et centres de commandement, à partir de standards OTAN déjà existants.
L’enjeu est simple : aujourd’hui, chaque pays empile des systèmes différents, achetés à des industriels et à des pays parfois concurrents. Avec l’European Sky Shield Initiative (ESSI), l’Allemagne a pris la tête d’un bouclier aérien basé en grande partie sur des équipements américains et israéliens (Patriot, Arrow 3), auxquels s’ajoutent les Iris-T allemands. Plus de vingt pays ont suivi. D’autres, comme la France et l’Italie, sont restés en marge, inquiets d’un dispositif très dépendant de technologies non européennes et peu cohérent avec le discours sur la souveraineté.
C’est là que Michelangelo Dome trouve sa place. Leonardo ne propose pas de remplacer les systèmes existants, mais de les faire dialoguer : intégrer du Patriot, du SAMP/T, de futurs missiles longue portée ou des moyens de guerre électronique dans un même schéma de commandement, sans imposer un « pack » clé en main. Pour les États déjà engagés dans Sky Shield, c’est une façon de gagner en cohérence. Pour ceux qui veulent une alternative plus européenne, c’est une carte à jouer.
Industriellement, Leonardo confirme son virage : moins d’acier, plus de code, de data et d’IA. Le groupe tente de se positionner comme intégrateur multi-domaine plutôt que simple fournisseur d’équipements. Si les premiers contrats tombent à partir de 2026 et que le système tient ses promesses d’ici la fin de la décennie, Michelangelo Dome pourrait devenir un marqueur important : celui d’une Europe de la défense qui commence enfin à traiter la défense aérienne comme un véritable système de systèmes, et pas comme une juxtaposition de programmes nationaux.
Photo © Reuters – Benoit Tessier