La marine américaine muscle sa logistique. General Dynamics NASSCO (National Steel and Shipbuilding Company) décroche un contrat de 1,7 milliard de dollars pour construire deux pétroliers ravitailleurs de la classe John Lewis, les T-AO 215 et T-AO 216, futurs USNS Joshua L. Goldberg et USNS Thomas D. Parham. Mission : tenir les groupes aéronavals en mer plus longtemps, sans retour à quai. Ces navires de 226 m environ peuvent filer 20 nœuds (environ 37km/h), embarquer jusqu’à 162 000 barils de carburants (environ 25,8 millions de litres) et transférer simultanément fuel et fret à plusieurs bâtiments. Une plateforme hélico permet aussi le ravitaillement vertical.
Au-delà de l’annonce, l’essentiel est industriel. Les deux unités s’inscrivent dans une commande groupée pluriannuelle (block-buy) pouvant aller jusqu’à huit navires. L’objectif est clair : lisser les charges, réduire les coûts et sécuriser les compétences au chantier de San Diego. Quatre bâtiments ont déjà été livrés, cinq sont en construction. La série remplace progressivement les pétroliers Henry J. Kaiser, vieillissants, tout en ancrant NASSCO comme maître d’œuvre unique de la classe. Le chantier insiste sur un point : ce financement stabilise l’emploi grâce à un carnet de commandes durable, évitant des à-coups sociaux.
L’enjeu est stratégique. La logistique conditionne l’endurance opérationnelle de la flotte, de l’Atlantique à l’Indo-Pacifique. La moindre indisponibilité d’un pétrolier désorganise les cycles de ravitaillement. En accélérant la cadence, l’US Navy achète du temps et de la souplesse. Deux défis demeurent : tenir les délais dans une base industrielle sous tension et reconstituer le vivier de marins civils de la Military Sealift Command, sans lesquels la « flotte de service » ne peut suivre la flotte de combat. Avec cette commande, Washington sécurise un maillon discret mais décisif de la puissance navale américaine.
Photo © General Dynamics NASSCO