À Limours, Thales met le radar Ground Fire 300 en cadence industrielle
À Limours (Essonne), Thales franchit un cap industriel. Après avoir réussi les tests d’acceptation en usine, le radar Ground Fire 300 (GF300) passe en production de série pour équiper la variante française du système de défense aérienne SAMP/T NG. Huit systèmes seront fournis aux forces armées françaises à partir de 2026.
La montée en cadence saute aux yeux. En dix-huit mois, Thales double le nombre de postes d’intégration et ramène le cycle d’assemblage d’un radar de 55 jours en 2023 à 21 jours aujourd’hui. Les volumes suivent la même trajectoire : 9 radars sortis en 2023, 28 en 2024, puis 35 à 40 attendus cette année. Pour absorber cette courbe, l’usine de Limours (environ 1 600 salariés) recrute 400 personnes en 2024 et prévoit un effort similaire en 2025. En parallèle, l’industriel étoffe les moyens d’essais, ajoute des chambres anéchoïques et automatise une partie des séquences de test afin de fiabiliser la série.
Côté produit, le GF300 incarne le virage « performance + volume ». Ce radar AESA tout numérique en bande S offre une couverture à 360° (jusqu’à 90° en élévation) et une veille lointaine d’environ 400 km, avec un rafraîchissement à la seconde. Il suit jusqu’à 1 000 pistes simultanément et traite près de 4 téraoctets de données par seconde. Sa base rotative à grande vitesse – une antenne d’environ 3,5 tonnes effectuant un tour par seconde -, son format conteneur ISO et ses temps de déploiement très courts facilitent l’emploi tactique… et l’industrialisation par modules standardisés.
L’accélération industrielle comme impératif capacitaire
L’Europe enchaîne les incidents liés aux drones : essaims près de sites militaires en Belgique, suspensions temporaires dans des aéroports, doutes persistants sur l’origine et les opérateurs. Ces épisodes imposent des capteurs capables de détecter, classifier et suivre un spectre très large de menaces – des micro-drones aux missiles balistiques -, y compris en environnement électromagnétique perturbé et en situation de saturation. C’est précisément le créneau où le Ground Fire doit donner au SAMP/T NG un saut capacitaire.
Sur le volet programmatique, la France acte la commande de huit systèmes SAMP/T NG. Chaque section comprend un radar Ground Fire, un module d’engagement et des lanceurs de nouvelle génération. Eurosam pilote l’intégration sous supervision étatique renforcée. Le défi désormais : convertir la montée en cadence en livraisons régulières et en disponibilité opérationnelle durable. Autrement dit, tenir le tempo d’une « économie de guerre » sans sacrifier la qualité.
Photo © Thales