L’E-2D Hawkeye qualifié au ravitaillement avec des Rafale, A330 MRTT et A400M français
Annoncée en milieu de semaine par le Naval Air Systems Command (NAVAIR), la qualification du ravitaillement en vol de l’E-2D Advanced Hawkeye avec des ravitailleurs français s’appuie sur une campagne menée cet été. Au menu : Rafale en « buddy », A330 MRTT et A400M, pour valider des procédures qui prolongent la présence en vol et facilitent l’action conjointe entre alliés.
Concrètement, un E-2D Advanced Hawkeye de l’US Navy a enchaîné les contacts avec ces trois plateformes de la Marine nationale et de l’Armée de l’air et de l’Espace afin de tester l’ensemble des paramètres utiles à l’emploi opérationnel : stabilité en panier, débits, marges de sécurité selon l’altitude et la charge, mais aussi enchaînement des configurations. L’objectif était double : sécuriser l’endurance de l’appareil et établir un socle de procédures communes utilisables en déploiement, y compris en coalition.

La campagne s’inscrit dans une coopération structurée entre le bureau de programme E-2/C-2 (PMA-231) et la Direction générale de l’armement (DGA). Elle vise à préparer l’arrivée, à partir de 2028, de trois E-2D au sein de l’aéronavale, en remplacement des E-2C aujourd’hui embarqués sur le porte-avions Charles de Gaulle. D’ici là, d’autres vols d’essais et la formation des équipages doivent prolonger le travail engagé, cette fois sur sol français, pour roder les tactiques et harmoniser la documentation.
Un appareil taillé pour détecter les menaces discrètes
L’intérêt opérationnel est immédiat : ravitaillé en vol, l’E-2D passe d’une mission « moyenne durée » à des permanences sensiblement allongées au profit d’un groupe aéronaval (GAN) ou d’une coalition. À l’échelle d’un théâtre, cela signifie moins de trous dans la couverture, une vision d’ensemble en temps réel et des transmissions plus fluides entre chasse, patrouille maritime, frégates et moyens interarmées. La compatibilité avec des ravitailleurs français ouvre en outre des options de planification plus souples lors des déploiements conjoints.
Sur le plan capacitaire, l’E-2D représente un saut de deux générations par rapport au Hawkeye précédent. Son radar UHF AN/APY-9 élargit la portée et la finesse de détection, y compris face à des cibles discrètes et à des missiles de croisière, en environnement littoral, terrestre ou océanique. L’avion bénéficie également d’avioniques et de systèmes de mission modernisés qui améliorent la disponibilité et la résilience des chaînes de commandement et de contrôle (C2). La version française doit intégrer des adaptations nationales – notamment un calculateur développé par le Service industriel de l’aéronautique (SIAé) – pour conserver une autonomie d’évolution.
Côté méthode, la qualification de cet été s’appuie sur des jalons posés depuis fin 2024, avec la montée en puissance du « buddy » sur Rafale M avec la nacelle NARANG (Nacelle de ravitaillement nouvelle génération) et l’élargissement progressif des compatibilités. Prochaine étape : transposer les standards validés dans la préparation opérationnelle et affiner les schémas d’emploi. À l’horizon 2028, l’arrivée des E-2D promet un gain net de permanence ISR (Intelligence, Surveillance, Reconnaissance) et de maîtrise de l’information pour la Marine nationale, en renforçant au passage l’interopérabilité avec les forces américaines et européennes.
Photo © NAVAIR