Au Danemark, l’option européenne SAMP/T NG est-elle sur le point de s’imposer face au Patriot ?
Copenhague s’apprête à trancher un dossier devenu prioritaire : reconstruire une défense aérienne crédible et multicouche. Une note interne, qui circule au cœur de l’appareil d’État et révélée par Altinget, recommande au gouvernement de retenir, pour la capacité de longue portée, le système franco-italien SAMP/T NG (Eurosam) plutôt que le Patriot (Raytheon) américain. Le signal est clair : accélérer, choisir et structurer une capacité pérenne.
Ce choix s’inscrit dans un plan revu à la hausse. Le gouvernement relève la voilure : il passe de l’achat initial de deux systèmes de moyenne portée et d’un de longue portée à huit systèmes au total – six de moyenne portée et deux de longue portée – pour une facture proche de sept milliards d’euros (53 milliards de couronnes). L’OTAN fixe l’objectif d’un saut capacitaire ; le Danemark entend y répondre vite, au-delà des 2,5 à 3,3 milliards d’euros discutés au printemps 2024.
Le Danemark privilégie l’option européenne
Le contexte industriel et politique pèse lourd. Copenhague a rejoint l’European Sky Shield Initiative (ESSI), qui mutualise plusieurs briques de défense aérienne en Europe. Paris et Rome restent en marge, leur SAMP/T NG n’ayant pas intégré le panier commun. Dans le même temps, le débat sur la dépendance aux équipements américains s’intensifie et les relations entre Copenhague et Washington ont connu des frictions autour du Groenland. En optant pour le SAMP/T NG, l’exécutif enverrait un message : sécuriser une capacité européenne de longue portée, interopérable au sein de l’OTAN, tout en diversifiant les chaînes d’approvisionnement.
« Rien n’est signé, rien n’est acquis. Les Américains savent revenir dans le match à la toute fin », nous confie une source industrielle proche du dossier.
Sur la moyenne portée, l’urgence opérationnelle a déjà déclenché des décisions. Le Danemark met en place une solution transitoire pour générer un effet militaire dès 2025-2026 : il loue un NASAMS auprès de la Norvège, commande deux systèmes VL MICA (pour 800 millions d’euros) en France et acquiert un système IRIS-T en Allemagne.
Le schéma étudié conserve ces capacités et les complète pour atteindre, à terme, douze lanceurs répartis sur six systèmes. En parallèle, l’agence d’acquisition DALO (Defence Acquisition and Logistics Organisation) conduit un processus en deux temps : livrer un premier palier rapidement, puis déployer la solution permanente à l’horizon 2028.
Un choix qui dépasse les seules performances techniques
Le financement suit le rythme. Le gouvernement met sur la table un fonds de 6,7 milliards d’euros pour les achats urgents en 2025-2026 et ajoute 9,4 milliards pour l’exploitation et le soutien sur huit ans. Les armées et l’administration lancent en parallèle recrutements, formation et logistique afin de réduire le délai entre signature et mise en service.
Place maintenant à l’arbitrage politique. Si l’exécutif valide la note, le ministère de la Défense danois (Forsvarsministeriet) présentera le plan aux partis de l’accord de défense, avec l’objectif de boucler les contrats d’ici fin 2025. En retenant le SAMP/T NG comme pilier de la longue portée, Copenhague affirmerait un cap : mieux protéger le territoire, tenir ses engagements au sein de l’OTAN et consolider une base industrielle européenne sur un segment stratégique.
Affaire à suivre de très près…