“La géographie du champ de bataille ne s’arrête plus au front.” C’est sur cette conviction du général Pierre Schill, chef d’état-major de l’armée de Terre, que repose la création du Commandement des actions dans la profondeur et du renseignement (CAPR).
Mis en place en 2024 à Strasbourg, ce nouveau commandement regroupe trois brigades spécialisées – aérocombat, artillerie, renseignement, cyber – avec un objectif clair : agir avant le contact, dans la profondeur du dispositif adverse.
Le CAPR – commandé par le général Guillaume Danès – n’est pas un simple changement d’organigramme. Il traduit une adaptation concrète à un contexte stratégique marqué par le retour des conflits à haute intensité. Ses unités doivent être capables de frapper au-delà des 50 km de la ligne de front, jusqu’à 500 km, pour perturber les appuis ennemis (logistique, feux, commandement) avant même l’engagement des forces interarmes.
Cette ambition passe par des exercices comme Grand Duc (2024) ou Diodore 25, qui testent des synergies inédites : drones, hélicoptères, guerre électronique, roquettes longue portée.
Voir, décider, frapper : l’ambition du commandement dans la profondeur
Le CAPR cherche à réduire le délai entre détection et neutralisation, à coordonner des moyens hétérogènes dans un environnement contesté, et à fluidifier la chaîne de décision. En clair : voir, décider, frapper plus vite.
Mais les défis sont bien identifiés : trous capacitaires (notamment sur les munitions de précision longue portée ou la guerre électronique), segmentation persistante entre milieux (terre, air, cyber), et recrutement sous tension dans les métiers techniques.
Le CAPR joue aussi un rôle d’incubateur, en testant de nouvelles procédures, des outils civilo-militaires, ou des logiques d’hybridation réseau pour sécuriser le flux d’informations sensibles.
Le CAPR avance de façon progressive. Il expérimente un nouveau mode opératoire, sans prétendre tout réinventer. Mais il pose les bonnes questions, et apporte des réponses concrètes à un impératif : reconstruire une liberté d’action dans la profondeur, pour éviter d’être pris de vitesse dans le prochain engagement majeur.
En savoir plus sur l’exercice Diodore 25
Photo ©1er RA – Maréchal des logis chef David