Le 3e RAMa met en service le Griffon MEPAC pour réduire le délai tir-effet
Le 1er octobre 2025, le 3e régiment d’artillerie de marine (3e RAMa) a officialisé l’entrée en service du Griffon MEPAC (Mortier Embarqué Pour l’Appui au Contact), déclinaison mortier du VBMR. Derrière l’officialisation, un vrai virage d’emploi : rapprocher l’appui des sections au contact, réduire le délai entre la demande et le tir, décrocher aussitôt pour échapper à la contre-batterie.
Au cœur du système, le mortier rayé Thales 2R2M de 120 mm s’intègre à la chaîne numérique ATLAS sur châssis Griffon (24,5 t). Quatre artilleurs opèrent la pièce sous blindage. Le chargement semi-automatique limite l’effort physique et stabilise la cadence. Deux régimes dominent : une salve d’environ douze coups en 90 secondes pour frapper vite, puis un rythme soutenu proche de dix coups par minute lorsque l’action s’étire. Les portées vont de 8 à 13 km selon les munitions (explosives, fumigènes, éclairantes). Les effets guidés restent envisageables si les besoins et les stocks évoluent. La centrale inertielle et le calculateur alignent le tube en quelques instants ; en environnement brouillé, l’équipe peut repasser en conduite manuelle.
Plutôt que concentrer les moyens, l’Armée de terre répartit la capacité : chaque régiment d’artillerie aligne huit MEPAC pour armer une batterie organique. L’objectif est simple : coller au tempo des GTIA et répondre aux demandes immédiates. Le véhicule conserve les atouts du Griffon : protection balistique et anti-mines, lanceurs GALIX, tourelle téléopérée de 7,62 mm pour la self-défense, y compris face aux drones lents. Les radios CONTACT et la vétronique1 Scorpion assurent un flux de données quasi temps réel. L’A400M peut l’emporter pour accélérer la projection.

Dispersion et mobilité : la leçon ukrainienne
Le calendrier a légèrement glissé, mais la trajectoire tient : le 8e régiment du matériel (8e RMAT) a reçu un premier exemplaire en décembre 2024 pour les évaluations technico-opérationnelles, désormais bouclées. L’armée prévoit dix livraisons supplémentaires en 2025, sur un total de 54 véhicules à remettre d’ici 2028. À l’export, la Belgique a passé commande de 24 systèmes dans le cadre CaMo, avec des livraisons attendues en 2028-2029.
Le dispositif s’appuie sur un maillon capteurs dense. La version Griffon VOA (observation) — 117 exemplaires prévus — embarque le radar tactique MURIN, un mât optronique, des moyens de télémétrie et de désignation laser. L’ensemble vise une boucle capteur-tireur plus courte via ATLAS, au profit du MEPAC comme des autres feux sol-sol.
Le théâtre européen et l’expérience ukrainienne imposent une règle simple : se disperser, se mettre en batterie vite, repartir aussitôt. Le MEPAC colle à ce triptyque : tir rapide, mobilité, connectivité. L’outil privilégie l’appui direct de la manœuvre plutôt que la profondeur, et renforce la survivabilité des batteries au plus près des unités.
Photo © 3e RAMa
- La vétronique est l’électronique embarquée des véhicules, plus précisément l’architecture de leur système de navigation, de contrôle, de communication, d’observation et de protection. ↩︎