Varda, LeoLabs et Anduril valident le suivi en temps réel d’une rentrée hypersonique
Suivre un engin manœuvrant au-delà de Mach 5 en temps réel reste l’un des défis techniques du moment. À l’heure où Washington pousse le projet Golden Dome, Varda Space Industries, LeoLabs et Anduril annoncent une démonstration conjointe : le suivi de la rentrée de la capsule W-3 de Varda, revenue sur Terre le 13 mai 2025. Objectif : pister, surveiller et restituer en temps réel des manœuvres orbitales avant une rentrée à très haute vitesse — un maillon clé de la veille spatiale (Space Domain Awareness, SDA) pour l’alerte précoce et l’attribution. Ainsi, la chaîne de détection s’enrichit d’un retour d’expérience opérationnel.
Concrètement, Varda a fourni les informations de mission et la plateforme de test : une capsule de production pharmaceutique en microgravité, récupérable et instrumentée, capable de recréer des environnements de vol au-delà de Mach 25. D’abord, le réseau de radars de LeoLabs a suivi les manœuvres en orbite terrestre basse (LEO). Ensuite, les données ont été agrégées dans Lattice, la plateforme d’Anduril, puis diffusées en temps réel via un réseau maillé à faible latence, offrant une image de situation commune aux équipes réparties. Au final, la boucle détection–analyse–diffusion a été validée sur un cas réel.
Du banc d’essai à la boucle C2
Au-delà de la démonstration, les trois entreprises insistent sur l’intérêt dual de l’architecte proposée. Pour la défense, la capacité à caractériser rapidement une cible manœuvrante à plus de Mach 5 demeure un défi central. Pour l’industrie, Varda y voit un banc d’essai hypersonique à bas coût et haute cadence, « la manière la moins chère de reproduire les environnements de rentrée les plus exigeants », souligne son PDG Will Bruey, qui revendique « une capacité de rupture » américaine. De fait, l’enjeu est clair : accélérer la montée en maturité des capteurs, des algorithmes et des intercepteurs, afin de réduire le risque technologique.

À court terme, prochaine étape : utiliser Scout, le nouveau radar mobile de LeoLabs. Installé dans un conteneur, il se transporte facilement et peut être déployé très vite, seul ou en réseau, n’importe où dans le monde pour surveiller des lancements et des rentrées. Dans le cas Varda, Scout pourrait détecter la capsule à l’approche de sa rentrée hypersonique ; les données seraient ensuite envoyées dans Lattice (Anduril) et partagées en temps réel avec les centres de commandement et de contrôle (C2).
De zéro à opérationnel en 7 jours
Par ailleurs, pour LeoLabs, l’exercice ouvre des « missions adjacentes » — de la gestion du trafic spatial ou Space Traffic Management (STM) à la détection de planeurs hypersoniques — et démontre que des données commerciales, fusionnées avec l’IA, peuvent livrer des informations actionnables au plus près du besoin, selon son PDG Tony Frazier. De son côté, Anduril insiste sur l’interopérabilité : « Aucune solution ne fonctionne isolément », rappelle Gokul Subramanian, son SVP Space & Engineering, en mettant en avant l’intégration des capteurs LeoLabs dans Lattice en moins d’une semaine. C’est un signal d’agilité : passer du capteur à l’exploitation opérationnelle en un temps record.
Cependant, ce pas de côté du spatial commercial intervient alors que Washington pousse Golden Dome, bouclier multi-couches terrestre et spatial destiné à détecter, suivre et neutraliser des menaces telles que les missiles balistiques, hypersoniques et de croisière avancés. Si la démo du trio Varda–LeoLabs–Anduril ne règle ni les inconnues techniques ni les questions budgétaires, elle illustre néanmoins une convergence : SDA commerciale, capteurs mobiles et réseaux IA au service d’une défense en temps réel. En clair, une équation que le Pentagone observe de très près.