Opération Sindoor : Face à la propagande chinoise, le « silence » de l’Inde complique la défense du Rafale
La guerre de l’information s’impose désormais comme un volet à part entière des conflits modernes. Après l’opération aérienne Sindoor menée par l’Inde contre le Pakistan en mai, le Rafale n’a pas seulement été engagé dans les airs : il s’est aussi retrouvé au cœur d’une campagne de désinformation massive.
La Chine a saisi l’occasion pour fragiliser l’image de l’avion français, tandis que l’absence de réaction officielle de New Delhi a compliqué la réponse française. Le général Jérôme Bellanger, chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace, est revenu sur cette séquence ce mercredi 9 juillet devant la commission de la Défense.
Pékin attaque, New Delhi se tait
Dans les heures qui ont suivi les frappes, une vague de désinformation s’est propagée sur les réseaux sociaux. Des images trafiquées, des vidéos issues de jeux vidéo présentées comme authentiques, ou encore des messages de comptes fraîchement créés, ont alimenté un récit visant à décrédibiliser le Rafale. Objectif : fragiliser l’image de l’appareil français, présenté comme vulnérable face aux missiles chinois.
Selon plusieurs sources, cette campagne a été relayée en coulisses par la diplomatie chinoise. Des attachés de défense auraient rencontré discrètement des responsables étrangers pour mettre en cause les capacités du Rafale, et pousser à l’achat d’avions chinois. Une offensive organisée sur deux fronts : numérique et diplomatique.
Mais face à cette opération, l’Inde n’a pas pris la parole. Pas de communiqué officiel, pas de démenti. Un choix assumé, mais qui a pesé. « Silence radio du côté indien, ce qui ne nous a pas facilité la tâche », a reconnu le général Bellanger devant les députés. Interrogé sur cette absence de réaction, son homologue indien, Amar Preet Singh, lui aurait répondu qu’il ne souhaitait pas escalader le conflit et avait même prévenu Islamabad en amont, pour éviter tout emballement entre deux puissances nucléaires.
La supériorité se joue aussi dans le discours
En matière militaire, ce type de retenue est compréhensible. Mais dans un environnement médiatique saturé, le vide est rapidement comblé. Et ce sont les adversaires qui en profitent. « L’information a une valeur stratégique », a rappelé le général Bellanger. Résultat : le doute a été semé chez plusieurs partenaires. Le Rafale, pourtant reconnu pour sa fiabilité, a vu son image brouillée par une campagne bien orchestrée.
Un appareil de l’Indian Air Force (le Rafale BS001) a bien été perdu au cours de l’opération, une première depuis l’entrée en service du chasseur en 2001. Les preuves en sources ouvertes (OSINT) sont solides. Mais aucun autre appareil n’a été formellement perdu, contrairement aux affirmations pakistanaises. L’État-major français a appelé à la prudence, soulignant qu’une perte unique en vingt ans ne remet pas en cause les qualités de l’appareil.
Lors de son audition, le général Bellanger a également rappelé deux éléments majeurs. D’abord, l’Inde a exprimé sa satisfaction quant aux performances du matériel français, notamment les Rafale et leur armement de précision. Ensuite, l’opération elle-même a atteint un niveau d’intensité rarement observé : entre 60 et 70 avions indiens ont été engagés face à 40 à 50 chasseurs pakistanais, de nuit, dans des conditions complexes. « C’est de la véritable haute intensité », a-t-il souligné, en précisant que dans un tel contexte, subir de l’attrition est une réalité opérationnelle, pas une anomalie.

Cet épisode révèle un changement d’époque. Les performances techniques ne suffisent plus. Désormais, la communication autour d’un système d’armes influence autant que ses résultats sur le terrain. La même logique s’observe en Ukraine, où la Russie a multiplié les campagnes pour discréditer le canon CAESAr, malgré des résultats opérationnels reconnus sur le front. Dans ces conflits hybrides, la crédibilité d’un équipement se joue aussi dans la manière dont les États défendent leur narration. Se taire, c’est laisser l’adversaire écrire l’histoire.