La Pologne étudie l’acquisition de 2 à 4 avions ravitailleurs A330 MRTT via le programme SAFE
La Pologne veut tourner une page embarrassante : celle d’une armée de l’air moderne… sans ravitailleurs. Varsovie a autorisé le ministre de la Défense et vice-Premier ministre Wladyslaw Kosiniak-Kamysz à solliciter des prêts du programme européen SAFE, afin de financer une première capacité nationale de ravitaillement en vol et de transport stratégique.
Un document gouvernemental daté de fin novembre 2025 confirme que ces avions figurent parmi les priorités polonaises dans le cadre de SAFE (Security Action for Europe), pour une enveloppe nationale pouvant atteindre 43,7 milliards d’euros. L’option étudiée est claire : acheter deux à quatre Airbus A330 MRTT, pour une facture pouvant aller jusqu’à 1 milliard d’euros. La fenêtre de financement, qui s’étend jusqu’en 2030, colle aux délais industriels d’Airbus et évite de transformer le projet en serpent de mer.
Une flotte qui a besoin d’allonge
Pourquoi maintenant ? Parce que l’équation opérationnelle change. Avec l’arrivée des F-35A et des FA-50, et une activité soutenue sur le flanc Est de l’OTAN, chaque heure de présence aérienne pèse sur les effectifs, les cellules et la disponibilité. Le général Ireneusz Nowak résumait l’intérêt en mars dernier : un ravitailleur permet de tenir plus longtemps avec moins d’appareils engagés et moins de rotations de pilotes. Or, au sein de l’Alliance, ces avions restent rares et très demandés : on peut en obtenir, mais pas toujours au bon moment.
SAFE joue aussi un rôle de filtre. Les règles limitent la part de valeur pouvant venir de l’extérieur de l’Union européenne, ce qui complique l’accès à des solutions non-européennes. De fait, l’A330 MRTT s’impose comme le candidat naturel, d’autant qu’il ne se limite pas au ravitaillement : il offre aussi du transport stratégique, du fret, des passagers, de l’évacuation et du soutien médical.
Ce n’est pas un achat « prestige ». C’est un achat de bon sens. Sans ravitailleurs, une flotte de chasse de la force aérienne polonaise (Sily Powietrzne Rzeczypospolitej Polskiej) dépend des plannings des autres et s’use plus vite. Si Varsovie signe, elle gagnera surtout quelque chose de très concret : la liberté d’organiser ses patrouilles et ses déploiements sans attendre qu’un allié ait un avion disponible.
Photo © Armée de l’Air et de l’Espace