MBDA sort Thundart de l’ombre : une roquette guidée ITAR-free pour l’Armée de Terre

Le 4 décembre, jour de la Sainte-Barbe, patronne des artilleurs, MBDA a choisi son moment : une simple photo publiée sur X, et Thundart sortait de l’ombre. On y voit pour la première fois la roquette guidée de 227 mm appelée à jouer un rôle central dans la recomposition des feux de l’armée de Terre.

En arrière-plan, l’enjeu est clair : les derniers lance-roquettes unitaires (LRU), dérivés du M270 américain et limités à 70 km de portée, arrivent en fin de vie. Pour les remplacer, la Direction générale de l’armement (DGA) a lancé le programme frappe longue portée terrestre (FLP-T), qui oppose deux équipes : MBDA associé à Safran, face au duo ArianeGroup–Thales. Une campagne d’essais est prévue d’ici mi-2026 avant un choix définitif.

Doubler la portée de l’artillerie française

Thundart est la proposition de MBDA et Safran. L’industriel annonce une portée d’environ 150 km, soit plus du double des capacités actuelles, avec une précision renforcée. Le système reprend des briques déjà éprouvées : la chaîne de guidage dérivée de l’AASM/HAMMER, combinant navigation inertielle, GPS et options infrarouge ou laser pour traiter des cibles mobiles et résister au brouillage. En clair, on transpose à l’artillerie sol-sol des technologies rodées dans l’armement air-sol.

Sur le volet emploi, MBDA mise sur la continuité. La conduite de tir doit dériver de celle du CAESAr et s’intégrer au système ATLAS, déjà familier des artilleurs français. L’idée est d’allonger le bras de l’artillerie sans repartir d’une feuille blanche côté doctrine et chaînes de commandement.

Reste le triptyque habituel : délais, souveraineté, concurrence. MBDA et Safran misent sur une solution entièrement française, conçue et fabriquée dans l’Hexagone, sans composants soumis aux règles d’exportation américaines (ITAR-free), face à des concurrents déjà bien installés comme HIMARS, PULS ou Chunmoo. Dans ce paysage très concurrentiel, le calendrier reste toutefois serré et la pression opérationnelle bien réelle. Au moment de trancher, le ministère des Armées devra donc arbitrer entre une solution nationale encore en montée en puissance et des systèmes sur étagère disponibles plus vite. En filigrane, la décision à venir dira très concrètement quelle place la France veut garder dans le club, de plus en plus convoité, des fournisseurs de feux longue portée.

Photo © MBDA