L’Eurodrone « sera meilleur » que le Reaper selon Airbus Defence
Face aux interrogations récurrentes sur le programme Eurodrone, Jean-Brice Dumont, vice-président d’Airbus et responsable de la division Air power (programmes d’avions militaires et de drones), défend fermement ce projet stratégique pour l’Europe. Malgré un retard d’un an reconnu par le ministre des Armées Sébastien Lecornu en octobre 2024, Dumont insiste sur la nécessité de ce drone MALE (moyenne altitude longue endurance) pour garantir l’autonomie technologique européenne.
« Nous sommes en train de développer un super avion », affirme Dumont dans une interview à La Tribune, rappelant que l’Eurodrone sera supérieur au Reaper américain sur plusieurs aspects : coûts d’exploitation réduits, portée étendue, capacité de charge accrue et meilleure discrétion grâce aux deux moteurs. « Il sera meilleur, il sera européen et il sera ITAR free », précise-t-il, soulignant l’importance de disposer d’une capacité européenne indépendante des technologies américaines.
Des critiques qui persistent mais un cap maintenu
Le programme Eurodrone reste toutefois sous les feux de la critique, notamment pour sa complexité et sa lenteur de développement. Certains remettent en question sa pertinence face aux besoins actuels des forces armées, surtout après l’émergence de drones plus simples et rapides à produire, comme l’AAROK de Turgis & Gaillard. Jean-Brice Dumont balaie ces doutes : « La mission de l’Eurodrone est souvent questionnée : est-ce qu’on en a besoin ? Quand on examine l’emploi actuel des Reaper, cela ne fait absolument aucun doute. »
Quant aux critiques sur la taille de l’appareil et la présence de deux moteurs, Dumont répond sans détour : « Ces questions, les pays y ont déjà répondu en lançant le développement. » Pour Airbus, le choix des deux moteurs n’est pas qu’une question de performance, mais aussi de sécurité : un tiers des pertes de drones Reaper est dû à des pannes moteur, et l’Eurodrone réduira considérablement ce risque.
Une vision à long terme malgré les retards
Airbus reste concentré sur la livraison d’un premier système en 2030, en travaillant sur de nouvelles missions pour l’Eurodrone, notamment dans le domaine maritime. Jean-Brice Dumont souligne que cette diversification est déjà en réflexion, même si l’objectif immédiat reste de finaliser la revue définition critique (CDR) en 2025 pour entrer en phase 1B.
Malgré les turbulences du programme, Airbus garde le cap. « Nous avons un programme à développer, nous le développons », assure Dumont, déterminé à faire de l’Eurodrone un vecteur de souveraineté européenne. Pour le groupe, il n’est pas question d’abandonner ce projet stratégique, mais plutôt d’adapter la démarche pour accélérer le processus tout en maintenant un haut niveau de performance.
Un projet stratégique qui doit se réinventer
L’Eurodrone, malgré ses difficultés, reste un projet indispensable pour l’Europe. Jean-Brice Dumont rappelle que l’objectif est de disposer d’un système performant, souverain et résilient. Pour Airbus, l’enjeu est de concilier ambition technologique et pragmatisme industriel afin de garantir la souveraineté européenne face aux défis technologiques et opérationnels des décennies à venir.