LARINAE : Essais concluants pour MUTANT, la munition téléopérée signée MBDA et Delair
La France accélère sur les munitions téléopérées (MTO), ces systèmes hybrides entre drone et charge létale, désormais incontournables sur les théâtres d’opérations modernes. Avec le programme LARINAE, la Direction générale de l’armement (DGA) et l’Agence de l’innovation de défense (AID) ambitionnent de faire émerger, rapidement, des solutions souveraines, efficaces et économiquement soutenables. Deux projets pilotes ont été sélectionnés, et les premiers résultats se font déjà sentir.

Premier à passer à l’action : le tandem MBDA-Delair, qui a passé avec succès une campagne d’essais menée à Biscarrosse. Leur démonstrateur, baptisé MUTANT, a neutralisé des cibles à plus de 50 kilomètres dans un scénario réaliste, incluant cibles mobiles, environnement tactique simulé et suivi par radars et caméras. L’essai valide une première capacité de frappe à distance, pilotée à la demande, dans la logique du combat de haute intensité.
Derrière MUTANT, une architecture en deux blocs : un vecteur à ailes déployables développé par Delair, et une charge militaire signée MBDA, inspirée de la famille Akeron. La munition vise un emploi souple, modulable, et potentiellement récupérable si la frappe n’est pas engagée. L’enjeu ? Offrir une réponse tactique longue portée, à bas coût, sans sacrifier la précision.
KNDS, EOS et TRAAK : une autre vision de la munition téléopérée
En parallèle, un second consortium, composé de KNDS, EOS Technologie et TRAAK, propose une approche alternative, misant sur la discrétion, la polyvalence et la souveraineté technologique. Leur système à décollage vertical repose sur une plateforme VTOL inspirée des planeurs d’EOS, capable de missions de surveillance comme de frappes ciblées. Il embarque une charge innovante dérivée des obus antichar, projetant un noyau métallique à très haute vitesse avant impact, sans toucher directement la cible.
Ce projet se distingue également par son autonomie industrielle : aucun composant soumis aux réglementations américaines (ITAR), ni à des restrictions françaises à l’export. Une promesse de liberté stratégique qui a séduit les décideurs publics.
LARINAE impose par ailleurs une discipline budgétaire : chaque munition devra coûter moins de 200 000 euros, un défi technique et industriel assumé par les deux équipes. En toile de fond, l’objectif est clair : répondre aux besoins des forces terrestres, qui pourraient commander plus de 1 800 MTO dans les années à venir.
Si les démonstrations, prévues jusqu’en 2026, s’avèrent concluantes, la France pourrait se doter d’une capacité nationale crédible dans un domaine où se multiplient déjà les références israéliennes, turques ou américaines. Plus qu’une réponse à l’actualité ukrainienne, LARINAE traduit une ambition durable : faire des munitions téléopérées un pilier des opérations futures, à la croisée de l’innovation, de la souveraineté industrielle et de l’économie de guerre.