La France pourrait livrer huit systèmes SAMP/T NG à l’Ukraine
Avec la visite de Volodymyr Zelensky à Paris, la défense aérienne ukrainienne s’apprête à changer d’échelle. En plus de la signature d’une lettre d’intention portant sur 100 Rafale, la France a confirmé la fourniture de huit systèmes SAMP/T NG (nouvelle génération), soit 48 lanceurs, dans le cadre d’un accord bilatéral de dix ans. Kyiv deviendra le premier pays à déployer le SAMP/T NG, encore en phase de finalisation chez Eurosam (Thales et MBDA) mais appelé à jouer un rôle central dans la défense sol-air française et italienne.
Ce tournant s’inscrit dans une séquence déjà dense. En janvier 2023, Paris et Rome avaient livré une première batterie SAMP/T « Mamba », puis l’Italie a accepté d’en céder une seconde tandis que la France se concentrait sur l’envoi de missiles Aster 30. Mais, sur le terrain, la priorité de Kyiv allait aux Patriot américains. Encensé après l’interception d’un missile hypersonique Kinjal, le système US s’est imposé comme symbole de protection, jusqu’aux critiques d’un Wall Street Journal vantant Patriot et accusant le SAMP/T de bugs logiciels et de limites face aux missiles balistiques.
SAMP/T vs Patriot : le match ukrainien
Depuis, le décor a bougé. Un rapport de la Defense Intelligence Agency pointe désormais des Patriot mis en difficulté par l’adaptation des missiles russes, capables de manœuvrer pour déjouer l’interception. Et, devant le Sénat, le 5 novembre, le chef d’état-major des Armées (CEMA), le général Fabien Mandon, a pris le contre-pied : selon lui, les SAMP/T déployés en Ukraine interceptent des missiles que les Patriot laissent passer. La solution franco-italienne « marche, et elle marche mieux que le Patriot », a-t-il insisté.
Sur le plan capacitaire, le SAMP/T NG doit intégrer le missile Aster 30 Block 1 NT, capable d’engager des cibles jusqu’à 150 km, à 25 000 mètres d’altitude, à des vitesses supérieures à Mach 5. Adossé à un radar Arabel et à une architecture ouverte, il s’insère dans une défense multicouches, aux côtés des systèmes occidentaux de courte et de longue portée.
Dans ce contexte, l’envoi de huit SAMP/T NG dépasse le simple soutien militaire. Il consacre, sur le champ de bataille ukrainien, la crédibilité d’une filière européenne de défense antimissile boudée par l’initiative European Sky Shield, qui a misé sur le Patriot. Et il fait de l’Ukraine un banc d’essai grandeur nature des futurs standards de défense aérienne du continent.
Photo @ Abaca