La Russie serait sur le point de vendre 12 chasseurs furtifs Su-57E à l’armée de l’air algérienne
La perspective d’un premier contrat d’export pour le Su-57E au profit de l’Algérie s’inscrit désormais dans un contexte plus large, celui dévoilé par une nouvelle salve de documents attribués au collectif de hackers Black Mirror et présentés comme issus de Rostec. Cette « première portion » – plus de 300 documents – met au jour des éléments concrets sur la coopération militaro-technique russe, les grilles de prix, et surtout les schémas logistiques et financiers destinés à contourner les sanctions. Pour Alger, ces révélations éclairent l’arrière-boutique d’un accord encore non officialisé mais alimenté par des fuites persistantes évoquant la vente de douze Su-57E, en complément d’un lot de Su-34.
Premier enseignement : la Russie peine à faire transiter les paiements avec plusieurs clients, dont l’Algérie. L’accès restreint aux garanties bancaires et à SWIFT a contraint Moscou à explorer des règlements en yuans, en roubles et, lorsque possible, en euros. Autrement dit, si contrat il y a, sa mise en œuvre dépendra de canaux de paiement alternatifs et d’un calibrage fin des risques de change.
Deuxième volet, la logistique. Les documents détaillent un réseau international de centres de service pour hélicoptères russes (Émirats arabes unis, Afghanistan, Vietnam, Bulgarie, Kazakhstan, etc.) et la création d’un hub régional à Dubaï, près d’Al Maktoum. Pensé comme nœud d’acheminement de pièces et de composants, ce dispositif traduit l’effort de Rostec pour sécuriser le soutien en service hors des zones d’exposition, et pourrait préfigurer des solutions de maintien en condition opérationnelle (MCO) applicables à des flottes d’avions de combat exportées : un signal pertinent pour l’Algérie si elle franchit le pas sur Su-57E/Su-34.
La boîte à outils juridique et logistique de Rostec
Côté tarification, une lettre du holding Concern Radio-Electronic Technologies (CRET) propose une formule simplifiée : prix de gros, marges, transport et couverture du risque de change, assortie d’options d’assouplissement juridique pour mieux réallouer les revenus de la coopération technique. Là encore, l’objectif est pragmatique : rendre les offres export « contractualisables » malgré un environnement financier fracturé.
Les fuites mentionnent en outre une liste de « partenaires commerciaux fiables » validée par le ministère de la Défense, le FSB et le SVR, destinée à limiter le risque de réexportation d’équipements vers l’Ukraine. Sur le plan politique, cela souligne que Moscou encadre plus strictement la chaîne de distribution, y compris pour des clients historiques comme Alger.
Reste la prudence. Ni Alger ni Moscou n’ont confirmé volumes et calendriers, et la chaîne Telegram de Black Mirror a été bloquée en août. Mais le faisceau d’indices se renforce : la Russie pousse des plateformes éprouvées (Su-34/Su-35) pour tenir l’effort de guerre, tout en misant sur l’effet vitrine du Su-57E. Si l’accord est confirmé, les forces aériennes algériennes ouvriraient la voie aux exportations, mais avec des mécanismes de paiement et de soutien dictés par les sanctions.
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